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Présentation des coureurs africains à suivre sur les épreuves en ligne des championnats du monde 2025 à Kigali

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     Dans cet article, nous présentons les chances africaines sur chacune des épreuves en ligne des championnats du monde 2025 à Kigali. Quels coureurs peuvent prétendre à un bon résultat ? Lesquels pourrait être capable de finir la course malgré le parcours annoncé particulièrement difficile ? On mentionne aussi les principaux absents dans chaque catégorie d'âge, ce qui permet un petit tour d'horizon de la situation du cyclisme dans les différents pays d'Afrique, beaucoup plus succin que celui réalisé début 2023 dans notre gros dossier sur le cyclisme africain.

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Course Espoir Femmes

   Très peu de chance de voir une concurrence africaine jouer les premiers rôles sur cette course, mais beaucoup de pays ont pu envoyer une délégation. Des pays des quatre coins du continent seront représenté : Est (Rwanda, Ouganda, Kenya, Erythrée, Tanzanie), Sud (Afrique du Sud, Namibie, Angola, Swaziland), Ouest (Côte d’Ivoire, Bénin, Cameroun) et Nord (Tunisie, Egypte). Initialement annoncée, l'équipe éthiopienne a été retirée de la startlist, ce qui est dommage car certaines coureuses - pourtant présentes lors des épreuves chronométrées - auraient eu les moyens de terminer la course. On peut aussi regretter l’absence de représentes du Burundi, pays voisin qui organise chaque année l’une des rares courses par étapes féminines internationales du continent africain, et de sa meilleur coureuse Emmanuella Rukundo. La République démocratique du Congo est un autre pays voisin absent, lui pour raisons politiques. Enfin, on note aussi l’absence sur cette course de l’Algérie dont la championne nationale Nesrine Houili est dans sa dernière année U23.

   Monaliza Chneslasie Araya, championne d’Erythrée Elite en titre, pourrait bien figurer sur cette course Espoir, mais il ne faut pas s’attendre à la voir jouer les tout premiers rôles pour autant. Elle sera la seule représentante de son pays, bien que les jeunes coureuses talentueuses ne manquent pas en Erythrée. Les femmes érythréennes sont beaucoup moins nombreuses que les hommes à avoir véritablement fait carrière à l’international, on peut seulement citer Desiet Kidane, malheureusement décédée à l’entrainement en 2021, et Mossana Debesay. Cette année Ksanet Weldemikael représente l’équipe Continentale du World Cycling Centre basé à Aigle en Suisse, mais elle ne sera pas présente à Kigali. Les freins culturels et économiques sont nombreux pour les érythréennes souhaitant courir en Europe, et l'obtention de visa s'avère parfois difficile. De plus, un certain nombre de coureuses, une fois arrivées en Europe, choisissent d'abandonner leur carrière en disparaissant pour demander l'asile, l'Erythrée étant considérée comme l'une des pires dictatures à travers le monde.

   L'Afrique du Sud ne sera aussi représentée que par une seule coureuse, les frais étant à la charge des coureurs pour toutes les courses à l'étranger de l'équipe d'Afrique du Sud. Sonica Klopper a représenté pendant deux saisons l'équipe amateur française Lyon Sprint Evolution. Son objectif serra de terminer la course.

​   Le Rwanda aura une équipe de quatre coureuses, dont deux ont des références laissant penser qu'elles pourraient terminer la course même si elle est rendue difficile loin de l'arrivée : Jazilla Mwamikazi et Martha Ntakirutimana. Jazilla Mwamikazi a fait partie des coureuses sélectionnées pour préparer ces championnats du monde en Bretagne durant 5 mois par le Centre Mondial du Cyclisme Afrique, et elle a participé au Tour de l'Avenir (47ème au général). Elle est réputée bonne grimpeuse et a aussi pratiqué le VTT, participant aux JO de Paris. Martha Ntakiriutimana a réalisé une performance honorable sur le contre la montre U23 de ces championnats du monde et a quelques références intéressantes sur le circuit local rwandais.

   L'Ouganda aura trois représentantes. Celle qui a le plus de chance de parvenir à terminer la course semble être Miria Nantume (19 ans seulement), issue du Masaka Cycling Club, un club créé il y a quelques années dans la petite ville de Masaka, au centre de l'Ouganda, et financé par des fans de cyclisme à travers le monde grâce à la Masaka Cycling Club Fondation. Miria Nantume a participé cette année au camp d'entrainement en Bretagne du Centre Mondial du Cyclisme Afrique. Elle est l'une des coureuses mises en avant dans le documentaire Cycling Africa diffusé sur Eurosport et HBO Max. L'an dernier, elle avait pris la médaille d'argent aux championnats d'Afrique Junior. Mary Aleper est membre depuis 2022 du Team AMANI, équipe est-africaine basée au Kenya qui court dans plusieurs disciplines dont le Gravel, après avoir débuté au sein du club ougandais 1MoreChild. Bien que membre de l'équipe CANYON//SRAM Genration, Florence Nakagwa semble inférieure à ses deux compatriotes. Formée au Masaka Cycling Club, mais elle a dû le quitter en raison d'une mauvaise attitude.

   Monique Du Plessis (Namibie) et Alaliaa Darwish (Egypte) étaient aussi aux stages en Bretagne avec le CMC (en 2023, 2024 et 2025) et tenteront de terminer la course dans les délais, même si ça devrait être difficile. Comme la plupart des cyclistes namibiens, Monique Du Plessis pratique aussi le VTT.

   Il est peu probable que l’un des autres concurrentes africaines atteignent la ligne d’arrivée si la course est rendue difficile. On peut tout de même noter que la béninoise Charlotte Métoévi a participé à la Maryland Classic il y a quelques semaines avec l’équipe du Bénin, pays où la fédération fait un très bon travail depuis quelques années, appuyée par Africa Rising, ce qui conduit à une belle progression bien que le niveau reste loin des meilleurs pays du continent. Carla Araujo (Angola) est issue d’une grande famille cycliste (nous avions consacré un portrait à Bruno Araujo il y a quelques années) et roulera sur un vélo Tchaco, une marque angolaise.

   Beaucoup des coureuses présentent dans cette catégorie, et dans d'autres, ont participé à des stages en Afrique du Sud ou au Rwanda organisé par le Centre Mondial du Cyclisme Afrique en amont de ces championnats du monde. Le rôle de cet organisme de l'UCI et son évolution ces dernières années est expliqué dans le dernier paragraphe de cet article.

Martha Ntakirutimana

Course Junior Hommes

   26 pays africains seront présents sur la ligne de départs, un record, mais beaucoup ne seront pas à l'arrivée si la course est aussi difficile qu'annoncée.

   Les trois représentant sud-africains ont plusieurs années d'expérience en Europe. Josh Johnson, 1ère année Junior, représente l'équipe GRENKE - Auto Eder, la meilleure équipe Junior au monde, et participe en tant qu'équipier aux plus grandes courses. L'an dernier, il courait déjà en Europe en tant que Cadet (route + VTT). Alexander Erasmus est membre de l'équipe belge Crabbé-Dstny, il a notamment terminé deuxième d'une étape d'Aubel - Stavelot Juniors. Matthew Horter, champion national en titre après un numéro en solitaire, représente lui l'équipe néerlandaise Fossa Cycling. Aucun d'entre eux ne devrait jouer les premiers rôles, mais Johnson et Erasmus ne devraient pas être très loin, et Horter pourrait terminer la course aussi.

   Maurice a une belle génération de Junior et aligne trois J1 (2008). Parmi eux, Tristan Hardy qui court au France au sein du Team 31 Specialized. Auteur d'une belle saison, il a par exemple récemment terminé 4ème du GP Plouay. Il ne sera pas capable de jouer avec les meilleurs, mais peut espérer aller chercher une bonne place. Il faudra aussi surveiller Juliano Ndriamanampy, qui a participé aux stages en Bretagne dans le cadre du projet Africa 2025 du Centre Mondial du Cyclisme ces deux dernières saisons. Très prometteur, il fait partie des jeunes coureurs mauriciens originaires de milieux modestes, illustrant le développement plus large du cyclisme mauricien depuis quelques années.

​   L'Erythrée aussi a des chances de bien placer l'un de ses deux coureurs : Keven Teklemariam ou Nahom Efriem, bons sur les courses locales en Erythrée où le niveau est très relevé. La meilleure chance est Keven Teklemariam, champion d'Afrique Junior 2024, qui a participé au stage de préparation en Bretagne organisé par le CMC.

   Les deux coureurs namibiens, Roger Suren et Marco Thiel sont spécialistes du VTT, discipline la plus développée en Namibie. Roger Suren est devenu il y a deux semaines vice-champion du monde Junior de VTT cross-country et a réalisé une performance honorable sur le contre la montre de Kigali sans vélo de chrono. Il pourrait créer la surprise en étant encore présent dans le final.

   Le Maroc est représenté par deux coureurs dont Marouane Kharbouchi qui s'est fait remarquer sur l'épreuve chronométrée. Il a participé au stage en Bretagne du projet Africa 2025 et les chances de la voir à l'arrivée sont assez bonnes.

​   Pour l'Ouganda, Paul Miiro, qui court au Kenya et est soutenu par l'académie de cyclisme créée en partenariat avec INEOS et le marathonien Eliud Kipchoge, est un potentiel finisher, mais ce sera difficile.

   Les deux représentant rwandais tenteront de terminer la course à domicile. Moise Ntirenganya a participé au stage du Centre Mondial du Cyslime en Bretagne cette année.

   L'Algérie a souvent beaucoup de bons Juniors au niveau continental, mais ce sont rarement des grimpeurs. Salah Hamzioui sera le seul représentant de son pays sur cette course, et lui aussi essaiera d'aller au bout. L'an dernier il avait pris le départ de quelques grandes épreuves européennes avec son équipe nationale, qu'il n'avait pas terminées.

   L'Ethiopie sera représentée par Semere Fsehaye, champion national. Il n'a pas de référence internationale, mais la réputation des coureurs éthiopiens le fait rentrer dans la catégorie des finishers potentiels.

   Pour les autres coureurs africains engagés, terminer la course serrait une surprise.

 

   A noter que Nicholas van der Merwe qui représente la Bulgarie possède aussi la nationalité sud-africaine. Il a grandi en Afrique du Sud, mais vit chez ses grands-parents maternels en Bulgarie depuis 3 ans, afin de courir plus facilement en Europe. Il court au sein de l'équipe française Academie Région Sud Powered by Giant.

Tristan Hardy

Course Espoir Hommes

​   Quinze nations africaines au départ, avec jusqu'à cinq représentant pour l'équipe d'Erythrée. Pour la première fois, la course U23 est réserver aux coureurs n'appartenant pas à une WorldTeam ou une ProTeam.

   ​Milkias Maekele, qui court pour l'équipe continentale allemande Bike Aid, est probablement le coureur le plus prometteur de la sélection érythréenne, mais il est plutôt typé sprinteur donc ne devrait pas être leader sur ce parcours. Pour tenter d'aller chercher un Top10, l'Erythrée comptera plutôt sur Awet Aman ou Yoel Habtaeb. Awet Aman, en vue sur le dernier Tour du Rwanda, a participé aux différents stages du Centre Mondial du Cyclisme en Bretagne dans le cadre du projet Africa 2025. Récemment, il a rejoint une équipe Continentale chinoise. Yoel Habteab, coureur complet, est lui membre de l'équipe Bike Aid. Yafiet Mulugeta est aussi à l'aise lorsque la route s'élève et était présent au stage breton du CMC.

   L'équipe d'Afrique du Sud comptera quatre coureurs. Leur meilleure chance de faire un résultat correct est Pedri Crause, un grimpeur - rouleur qui court depuis 3 ans au niveau amateur espagnol, après avoir représenté le club de Martigues en 2022. Blaine Kieck, qui court en France au CC Villeuneuve Saint Germais, et Joshua Ethan Dike, qui court lui sur le circuit amateur espagnol, peuvent aussi prétendre à terminer la course. 

   Quatre coureurs aussi pour le Rwanda. Samuel Niyonkuru, membre de l'équipe kényane Team AMANI qui mixe Gravel et route, est le meilleur d'entre eux. Bon grimpeur, il devrait terminer la course. Etienne Tuyizere est l'autre potentiel finisher de l'équipe. Cette année, il a notamment couru pour l'équipe martiniquaise Pédale Pilotine.

   L'Ethiopie aura trois représentants, dont Tekle Tsegay Alemayo, champion national qui a rejoint la Team AMANI et montré ses talents de grimpeurs à l'occasion du Tour of Salalah à Oman. Il devrait donc bien figurer. Comme quasiment tous les cyclistes éthiopiens, il vient de la région de Tigré au Nord du pays, qui a connu une terrible guerre civile de 2020 à 2022, le cyclisme qui y est très populaire commence seulement à revenir à son niveau d'avant guerre.

   Le représentant du Sénégal Neriah Meunier Sow est un franco-sénégalais qui courait sous licence française jusqu'à récemment. Il est membre du club de Martigues et a terminé 10ème du Tour de Martinique cet été.

   Le kényan Ivan Kipruto, membre de la réserve du Team AMANI, ainsi que les deux ougandais Lawrence Lorot (Team AMANI) et Shafik Mugalu (membre de la Conti rwandaise Java-Inovotec) peuvent espérer terminer la course dans le cas où elle ne serait pas rendue difficile trop tôt. Même chose pour le mauricien William Piat, qui pratique aussi le VTT, pour l'algéiren Oussama Abdellah Mimouni (membre de la Team Madar, Conti algérienne avec un beau programme) et pour le tunisien Mohamed Aziz Dellai, qui a participé au projet Africa 2025 du CMC.

   Le Mali sera représenté par deux bons jeunes coureurs à l'aise plutôt sur le plat, il y a donc peu de chance qu'ils parviennent à terminer la course. On peut tout de même noter qu'à 20 ans Tiemoko Diamouténé compte déjà 6 victoires sur des étapes de courses par étapes internationales en Afrique de l'Ouest.

   Il ne devrait pas voir la ligne d'arrivée, mais on peut noter la présence de Kabelo Makatile, un grimpeur représentant du Lesotho, petit pays enclavé dans l'Afrique du Sud. Ils sont très peu nombreux sur les courses cyclistes au Lesotho, mais Kabelo est membre d'une famille de cyclistes (sa sœur Pontso sera alignée sur la course Junior Femmes). Il était présent aux stages bretons du projet 'Africa 2025' en 2023 et 2024.

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Awet Aman

Course Junior Femmes

​   Seulement 9 pays africains présents sur cette course Junior féminine, aucun du Nord du continent. On regrette l’absence de l'Erythrée, alors que la championne d'Afrique Junior 2024 (Nardos Tsegay) est encore Junior. On aurait aussi aimé voir Odette Nsengiyumva représenter le Burundi, pays voisin du Rwanda mais beaucoup plus pauvre, bien qu'elle ne soit probablement pas au niveau des toutes meilleurs Junior africaines.

 

   Tsige Kahsay Kiros pourait créer la surprise et tenir tête aux meilleurs Junior européennes. Elle est annoncée comme un gros talent. Après des stages en Afrique du Sud et au Rwanda, elle était cet été en Bretagne avec le Centre Mondial du Cyslisme Afrique, puis elle a participé au Tour de l'Avenir en tant que stagiaire de l'équipe du World Cycling Centre (possible pour les J2 chez les femmes), terminant 22ème au général. Elle sera accompagnée par Rahel Tamene Gimbato, membre du même club que Tsige en Ethiopie (Mesfin Cycling Team). Ces coureuses, comme quasiment tous les cyclistes éthiopiens (y compris Grmay, Hailemichael ou Berhe) sont originaires de la région du Tigré, situé au Nord du pays à la frontière avec l'Erythrée. Le cyclisme est populaire dans cette région avec beaucoup de coureurs, mais une terrible guerre civile y a eu lieux entre fin 2020 et fin 2022, avec des centaines de milliers de morts civils. Les cyclistes tigréens déjà présents en Europe sont restés plus d'un an sans aucune nouvelles de leurs proches, tandis que pour les coureurs locaux la pratique du cyclisme n'était évidemment plus une priorité. Depuis la fin de la guerre, le cyclisme revient progressivement à son niveau de développement d'avant-guerre : le célèbre Tour du Tigré a par exemple fait son retour, dominé par Tsige Kiros chez les Femmes en 2025, qui a été la première coureuse à se rendre pour la première fois en Europe depuis la fin de la guerre, alors que des coureurs du Tigré faisaient leurs premiers tours de roue en Europe presque chaque année jusqu'en 2020.

  Le Rwanda est représenté par deux coureuse. La meilleure d'entre elles est Yvonne Masengesho (J1) qui domine les courses Junior rwandaises. Elle a de bonnes chances d'atteindre l'arrivée.

   Deux coureuses aussi pour l'Afrique du Sud, avec Megan Botha, présente sur la nouvelle course par étape UCI en Namibie en août dernier (12ème), et Errin Mackridge, championne nationale.

   La namibienne Delsia Janse Van Vuuren, championne d'Afrique VTT, tentera elle aussi de terminer la course.

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Tsige Kahsay Kiros

Course Elite Femmes

   C'est la seule catégorie où le nom d'une coureuse africaine est cité en favorite. Au total 13 pays africains seront représentés, dont 9 au niveau très faible, mais pas d’équipe d’Erythrée. On regrette aussi l’absence de plusieurs des meilleures coureuses africaines, par exemple Ebtissam Zayed – qui pratique aussi la piste - pour l’Egypte ou Vera Looser – qui pratique aussi le VTT – pour la Namibie.

 

   L’équipe de Maurice misera tout sur Kimberly Le Court Pienaar, meilleure chance de médaille africaine sur ces championnats du monde. Après un premier passage dans des équipes européennes il y a près de 10 ans, celle qui réside aujourd’hui en Afrique du Sud s’était d’avantage consacré au VTT. Plusieurs performances sur route, notamment aux championnats du monde de Glasgow ont permis de convaincre l’équipe AG Insurance de lui faire confiance pour un retour à la route au plus haut niveau, mais personne n’aurait pu imaginer la dimension qu’elle a pris en seulement deux an, l’amenant à gagner Liège Bastogne Liège et sur le Tour de France. Ses équipières pourront l’aider dans la première partie de course, mais seront distancées dès que le rythme s’accélèrera.

 

   L’équipe d’Afrique du Sud sera emmenée par Ashleigh Moolman Pasio, l’une des pionnières du cyclisme africain féminin, qui évolue au plus haut niveau depuis 15 ans et a vécu l’évolution du cyclisme féminin. Elle a plusieurs fois repoussé sa retraite, et fêtera ces 40 ans en décembre. Très bonne grimpeuse, elle a connu une saison 2025 compliquée. Equipière de Kim Le Court, elle avait révélé après sa non-sélection pour le tour de France que ses relations avec la mauricienne n’étaient pas très bonnes (dans le documentaire Cycling Africa diffusé sur Eurosport). Elle sera accompagnée par la championne nationale S'annara Grove, qui court en Europe dans l'équipe CJ O'Shea Racing. Elle ne devrait pas rester très longtemps aux côtés de sa leader, étant plus à l'aise sur les parcours plats. Maude 'Maddie' Le Roux sera également présente. Ancienne vainqueur de la Zwift Academy, elle est membre de l'équipe réserve de CANYON // SRAM. Bonne grimpeuse, c'est une ancienne triathlète qui a quelques lacunes techniques.

 

   Avec quatre coureuses, le Rwanda aimerait avoir une représentante à l'arrivée, espérant pour cela que le départ ne sera pas trop rapide. Xaverine Nirere, membre de l'équipe Gravel et route kényane Team AMANI, a remporté le Pupkewitz Megabuild Windhoek Women Tour (UCI 2.2) en Namibie cette année. Valentine Nzayisenga court pour l'équipe CANYON // SRAM Generation, équipe qu'a aussi représenté Diane Ingabire jusqu'à l'an dernier. Violette Irakoze Neza est elle membre d'une équipe Gravel belge.

 

   Trois représentantes éthiopiennes au départ, avec aussi cet objectif de terminer la course, même si ça devrait être compliqué. On surveillera tout de même Fkadu Brhan Abrha et Serkalen Taye Watango qui ont rejoint la Team AMANI et se sont illustrées sur la nouvelle course par étape namibienne.

Kim Le Court et Aurélie Halbwachs

Course Elite Hommes

    10 pays seront représentés sur la course du dimanche. Pour les Elite Hommes, le classement UCI détermine les nations pouvant inscrire un coureur, mais des demandes d'invitations peuvent être acceptées par l'UCI car de nombreux pays n'utilisent pas leurs quotas, ce qui explique la présence de pays au niveau inférieur tels que la Sierra Leone ou le Sénégal. Concernant les absents, on peut citer l'Ethiopie ou le Maroc.

   L'Erythrée arrive avec sa star Biniam Girmay, mais le parcours semble trop difficile pour lui. Natnael Tesfatsion a été annoncé comme leader, le coureur de l'équipe Movistar est un puncher complet, double vainqueur du Tour du Rwanda. Le parcours devrait lui correspondre, mais il faudrait des circonstances favorables pour un Top 10 à l'arrivée. Henok Mulubrhan, actuel pensionnaire de l'équipe XDS Astana, a des qualités similaires à celle de Tesfatsion, mais un petit ton en dessous. L'équipe est complétée par trois bons grimpeurs : Merhawi Kudus qui court chez Burgos BH et avait connu une grave chute sur La Marseillaise en début d'année, Amanuel Ghebreigzabhier l'équipier modèle chez Lidl Trek et le jeune Nahom Zeray actuellement membre de la Conti japonaise Ukyo mais qui pourrait aussi monter à l’échelon supérieur dans le futur. Selon le déroulé de la course, c'est une équipe qui pourrait se servir de son collectif pour anticiper la grande bagarre.

   Six coureurs aussi représenteront le Rwanda qui a obtenu des quotas supplémentaires en tant que pays hôte. Pour tenter d'avoir un coureur à l'arrivée, ce qui ne sera pas chose facile, il faudra compter sur une grande journée d'Eric Manizabayo, qui a couru cette année avec le club martiniquais Pédale Pilotine, de Vainqueur Masengesho, 7ème du dernier Tour du Rwanda, de la star locale Moise Mugisha (2ème du Tour du Rwanda 2020), d'Eric Muhoza, ancien membre de l'équipe Bike Aid désormais chez Team AMANI, ou de Shemu Nsengiyumva, auteur d'un très beau chrono une semaine plus tôt.

   Byron Munton sera le représentant de l'Afrique du Sud. Certes, ce n'est pas Louis Meintjes, Alan Hatherly, Ryan Gibbons ou Stefan De Bod, mais il a tout de même une chance de terminer la course. Byron Munton est un bon grimpeur - rouleur qui a représenté plusieurs équipes Conti européennes et évolue actuellement au Portugal avec FEIRENSE - BEECELER. Il s'est imposé au sommet de Mondim de Basto sur la dernière Volta a Portugal, et a terminé 3ème au général derrière Nych et Guérin. Il tentera peut-être de se glisser dans une échappée matinale.

   Absent sur les contres la montre, l'Ougandais Charles Kagimu sera bien présent sur la course en ligne. Après avoir débuté avec l'équipe Kenyan Riders dans le pays voisin de l'Ouganda, il est passé par les équipes Continentale Bike Aid et ProTouch et représente désormais la Team AMANI. L'an dernier il avait notamment participé aux JO de Paris et avait été le seul membre de l'échappée matinale à terminer la course. Sa présence aux championnats du monde pour la troisième année consécutive témoigne des progrès de la fédération ougandaise de cyclisme, qui par le passé a très souvent annulé ces voyages au dernier moment en raison de problèmes administratifs ou de corruption.

   Pour Maurice, Alexandre Mayer, dont la signature au sein de l'équipe Burgos BH a surpris, essaiera probablement de se glisser dans l'échappée matinale si l'opportunité se présente, lui qui a déclaré s'attendre à ce que très peu de coureurs puissent terminer la course sur un tel parcours, pensant donc qu'il ne pourrait pas en faire partie.

   Les autres concurrents n'ont aucune chance de voir la ligne d'arrivée finale.

Henok Mulubrhan

A propos du Centre Mondial du Cyclisme

   Depuis de très nombreuses années, le Centre Mondial du Cyclisme de l'UCI, basé à Aigle en Suisse est un centre de formation pour les coureurs issus de nations émergentes du cyclisme qui a vu passer de nombreux coureurs évoluant aujourd'hui au niveau World Tour, y compris la plupart des africains. Jusqu'en 2020, les meilleurs coureurs des pays émergents de chaque continent étaient sélectionnés dans des centres satellites et envoyés en Suisse où une équipe U23 était présente toute l'année, et de nombreux autres coureurs, notamment Junior, venaient passer 3 mois. Biniam Girmay s'était par exemple révélé sur le circuit Junior avec le maillot du CMC. Mais depuis 2021, pour le cyclisme sur route, seule l'équipe Continentale féminine est basée à Aigle, et à de rares exceptions près, aucun autre coureur ne s'y rend. Pour plusieurs raisons stratégiques et en raison du coût important pour faire venir les cyclistes en Suisse, la stratégie de l'UCI est d'investir davantage sur les 'satellites' régionaux, des centres situés sur les 5 continents. Aujourd'hui, il y a 11 centres continentaux ou régionaux, dont plusieurs ouverts récemment, permettant de former les jeunes coureurs de la région, ainsi que des coachs et mécaniciens. En Afrique, le centre Continental est situé à Paarl en Afrique du Sud et dirigé par Jean-Pierre Van Zyl, et un nouveau centre régional a ouvert au Rwanda. De nombreux stages de détection sont organisés en Afrique du Sud où chaque pays africain peut envoyer quelques coureurs (tous les coûts sont pris en charge par le centre à l'exception du voyage). Les meilleurs coureurs sont invités à revenir et Jean Pierre Van Zyl a des contacts avec le cyclisme pro, par l'intermédiaire de l'agent Robbie Hunter, ou auparavant avec la réserve de l'équipe Qhubeka, qui a malheureusement disparu. A noter que l'UCI Soladirity fund, inclut aussi la donation de matériel aux fédérations et la prise en charge d'une partie des frais de déplacement pour certains championnats ou stages du CMC. Lors du dernier congrès de l'UCI, des financements du CMC pour aider 15 pays émergents à organiser des courses UCI ont aussi été annoncés.

   En vue des premiers championnats du monde UCI, le projet 'Africa 2025' a été financé par l'UCI et par l'ACNOA (Association des comités nationaux olympiques d'Afrique). Dans ce cadre, de 2023 à 2025, le CMC Afrique a sélectionné une quinzaine de jeunes coureurs africains Cadets, Juniors et Espoirs (représentatifs de toutes les régions du continent) pour un stage durant jusqu'à 5 mois en Bretagne. L'objectif était de confronter ces jeunes coureurs au cyclisme européen en préparation de Kigali 2025. Les coureurs étaient coachés par le sud-africain Clint Hendricks, ancien coureur au niveau Continental, passé par l'équipe allemande Bike Aid. Parmi les encadrants du projet, il y a notamment eu Tsgabu Gramy ou Audrey Cordon Ragot. Ils participaient à des courses locales, certains directement au sein d'équipes amateurs bretonnes. L'organisation du projet a été très appréciée par les coureurs, qui ont pu découvrir les difficultés du cyclisme européen (différences culturelles, langue, courses en peloton, parcours techniques, etc.) dans de bonnes conditions. Les différentes difficultés rencontrées par les cyclistes africains ont été évoquées en détail dans plusieurs de nos articles.

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