Portrait
Hagos Welay Berhe
Article publié le 12 juin 2022, mis à jour le 22 août 2023
Il y a moins de 3 ans, l'éthiopien Hagos Welay Berhe sortait de son pays pour la première fois pour se rendre au Centre Mondial du Cyclisme en Suisse, il ne parlait pas un mot d'Anglais. Aujourd'hui, il est à l'aise en Anglais et, alors qu'une terrible guerre a lieu dans sa région d'origine, il n'a plus quitté le continent européen depuis près de 2 ans. Son parcours n'a pas été simple et certains problèmes ne sont pas encore réglés, mais il a enfin pu participer à ses premières courses en Europe cette année. Il court dans l'équipe EF Education-NIPPO Development, c'est un grimpeur très prometteur et l'on devrait le voir à l'œuvre en haute montagne pour la première fois début juillet prochain.
Nous avons échangé avec Hagos Welay Berhe ainsi que Marcello Albasini, le manager de l'équipe EF Education-NIPPO Development, et avions déjà interviewé Richard Wooles, ancien coach au Centre Mondial du Cyclisme, en 2020. A travers ces témoignages, nous vous présentons dans cet article le parcours d'Hagos.
Photos : Corbier Tourisme (haut), Istrian Spring Trophy - Mario Stiehl (milieu), EF Education NIPPO Development (gauche et droite)
Ses débuts
Hagos Welay Berhe est né le 22 août 2001 en Ethiopie. Il vient du district Dogu'a Tembien (Haut-Tembien), dans la région du Tigré. Le Tigré est une région montagneuse à haute altitude de 5 millions d'habitants, située au nord de l'Ethiopie (voir cartes ci-dessous). Contrairement au reste du pays, le cyclisme est bien développé dans le Tigré, grâce à la proximité géographique et culturelle avec l'Erythrée - où le cyclisme a une place très importante depuis longtemps. Nous avions publié un gros article sur le cyclisme éthiopien en octobre 2020. Malheureusement, une guerre a lieu dans le Tigré depuis novembre 2020. Cette guerre a été déclenchée par l'ancien parti politique Tigray People's Liberation Front (TPLF) contre le gouvernement éthiopien, à la suite d'un conflit politique. Les habitants du Tigré ont beaucoup souffert depuis le début de la guerre : l'électricité et tous les moyens de communications ont été coupés, il y a eu quelques frappes aériennes et le gouvernement éthiopien et ses alliés ont volontairement détruit des bâtiments et des usines pour fragiliser encore d'avantage l'économie tigréenne. Une grande partie de la population a souffert de famine et une grave crise humanitaire s'est développée. Depuis début 2022, le conflit a baissé en intensité et il y a actuellement un cessez le feu. Cependant, la guerre n'est pas encore finie ; et même si elle l'était, ça prendrait des années à la région pour s'en remettre et des décennies pour revenir au niveau de développement d'avant-guerre.
Hagos Welay Berhe vient d'une zone rurale dans le district de Dogu'a Tembien. Sa famille n'était "pas si pauvre", par rapport aux standards d'une région rurale d'Ethiopie, un pays qui a dû faire face à plusieurs problèmes de famine dans le passé. En 2014, quand il avait 13 ans, ses parents ont divorcé et il est parti habiter à Mekele, la capitale de la région Tigré. A Mekele, il continuait à aller à l'école (il a fait l'école secondaire, jusqu'à 17 ans), et avait aussi deux boulots : il nettoyait des chaussures durant la journée et faisait cuire du 'pain' le soir. Il a eu son premier vélo en 2017, qu'il a d'abord loué avant d'en acheter un quand il avait économisé assez d'argent. Il a été motivé par le Tour de France qu'il regardait à la télévision, et en particulier par Chris Froome (qui a grandit au Kenya) qu'il a vu remporter la course à plusieurs reprises. A Mekele, il s'entrainait le matin tôt, car il n'avait pas le temps le reste de la journée.
La première course importante d'Hagos à Mekele était en 2018, il n'avait pas d'équipe au départ de la course mais a terminé dans le Top5. Ce résultat sur sa première course lui a permis de rejoindre l'un des meilleurs clubs du Tigré, et les mois suivants il a enchainé les victoires sur les courses de Mekele et des alentours. C'est un pur grimpeur, il fait aujourd'hui 1m69 pour 57 à 59 kg. En 2019, les championnats d'Afrique sur routes étaient organisés en Ethiopie à Bahir Dar. Etant donné ses excellents résultats contre les meilleurs coureurs locaux, il était l'un des favoris pour le contre la montre individuel Junior, "mon coach m'avait dit qu'il était 100% sûr que j'allais gagner". Hagos Welay est devenu champion d'Afrique Junior du chrono, battant Metkel Okbu (Erythrée) de 34 secondes sur le parcours de 30km. Quelques jours plus tard, Hagos a pris la 4ème place de la course en ligne remportée par le sprinteur rwandais Rnus Byiza Uhiriwe.
Hagos à Mekele, où il participe à ses premières courses
Arrivée au Centre Mondial du Cyclisme
Quand Hagos Welay Berhe a remporté le chrono individuel Junior aux Championnats d'Afrique 2019, il a été invité par le Centre Mondial du Cyclisme à venir à Aigle, en Suisse, pour un stage de 3 mois. Le Centre Mondial du Cyclisme UCI (CMC) - ou World Cycling Centre - est une structure qui accompagne la mondialisation du cyclisme ; l'une de ses missions est de former les jeunes coureurs originaires de petits pays cyclistes. Le centre principal est basé en Suisse à Aigle et accueille de nombreux coureurs et coureuses originaire de partout dans le monde et pratiquant toutes les disciplines du cyclisme. De nombreux coureurs et coureuses courants aujourd'hui au niveau WorldTour sont passé par le Centre Mondial du Cyclisme, par exemple Chris Froome (originaire du Kenya), Arlenis Sierra ou Tsgabu Grmay. En plus du centre principal en Suisse, le CMC a 5 satellites à travers le monde (en Afrique du Sud, Corée, Japon, Inde et Argentine) où d'avantage de coureurs peuvent être détectés et formés.
Hagos est arrivé à Aigle en juillet 2019, c'était son premier voyage en dehors d'Ethiopie et il ne parlait pas un mot d'Anglais. La seule langue qu'il connaissait était le Tigrinya, qui utilise un alphabet complètement différent du notre. C'était très dur pour lui pour communiquer avec son coach, "il y a eu des moments très difficiles, j'essayais de comprendre certaines choses avec des gestes et d'apprendre quelques mots clés". Tout était nouveau pour lui, les températures beaucoup plus froides que tout ce qu'il avait connu en Ethiopie était aussi difficile les premiers jours. Avec les autres coureurs, ils apprenaient les bases du cyclisme, s'entrainaient et faisaient quelques petites courses locales. Cependant, il a dû rentrer chez lui plus tôt que prévu : "J'avais un visa de 3 mois, mais j'ai dû partir après un mois seulement. Une des filles érythréennes avait quitté le centre (pour demander l'asile en Europe afin de ne pas avoir à retourner en Erythrée, qui est l'une des pires dictatures du monde) et si c'était arrivé une deuxième fois avec un autre coureur ils auraient eu des problèmes. J'étais aussi encore mineur donc ils étaient légalement responsables de moi, ce qui rendait cela encore plus compliqué." Le centre a donc dû prendre la décision qu'au moins tous les Juniors érythréens et éthiopiens devaient partir. "J'ai dû partir immédiatement, je ne comprenais pas et j'étais très déçu. On avait une course prévue pour le lendemain et d'un seul coup on devait immédiatement rentrer chez nous. Ils m’ont dit que si je continuais à travailler dur je pourrais revenir. C’était très dur à encaisser mais je n’ai pas abandonné." Il n'a pas pu courir le GP Rüebliland Junior fin août, mais le staff du Centre Mondial du Cyclisme avait remarqué son potentiel et ne voulais pas laisser cet incident compromettre son début de carrière. Plus tard dans l'année Hagos est donc allé au satellite du Centre Mondial du Cyclisme à Paarl, en Afrique du Sud, pour s'entrainer et courir, et il était de retour en Suisse en 2020.
Son retour à Aigle a été remporté à cause de la pandémie de Covid, mais il était très heureux d'être de retour en juillet 2020. Il était dans sa première année Espoir et avait été sélectionné pour faire partie de l'équipe Espoir du Centre Mondial du Cyclisme qui aurait dû passer toute l'année en Europe et faire beaucoup de bonnes course (des courses Espoirs, mais aussi des UCI .2 et des courses amateurs). Son coach était le canadien Richard Wooles qui nous avait parlé d'Hagos fin 2020 dans notre article sur le cyclisme éthiopien : "Il est très léger et très très rapide, on a fait des tests dans une montée où des coureurs World Tour avaient couru et il était plus rapide qu'eux." En effet, sur Strava Hagos avait pris le KOM de la montée de Vionnaz à Revereulaz près d'une minute devant les coureurs les plus rapides du Tour de Romandie 2019 (Revereulaz était à 5km de l'arrivée sur l'étape 4 du Tour de Romandie 2019). "Il est très rapide en montée et il peut le faire plusieurs fois à l'entrainement : 3 ou 4 fois la même montée. Il apprend très bien, il semble être ambitieux, il est très sérieux pour ses entrainements et sa récupération ; mais il est aussi toujours souriant, tous les jours tout le temps souriant, tout le temps heureux. Quand il neigeait alors qu'on s'entrainait, il était 'pas de problème, je continue juste à m'entrainer' donc il semble aussi très fort mentalement. Avant il ne comprenait pas quand on lui posait des questions, mais maintenant il apprend l'Anglais très vite. En ce moment, il passe 2 heures par jour à l'apprentissage de l'Anglais. Mais il n'a vraiment commencé à apprendre l'Anglais qu'il n'y a 2 mois quand il est venu pour la deuxième fois. Avant il n'avait pas appris." Malheureusement, Hagos n'a pas pu courir en 2020, puisque toutes les courses prévues pour le CMC avaient été annulés en raison de la pandémie de Covid. "Il a un potentiel énorme mais on ne sait pas encore s'il peut courir, nous avait dit Richard Wooles, dans un peloton, avec le stress… il est très jeune, il a 18 ans." Ses principaux objectifs étaient le Tour de l'Avenir, la Course de la Paix Espoir et les Championnats du Monde Espoirs, tous annulés. Etant donné ce qu'Hagos Welay Berehe avait montré à l'entrainement, Richard Wooles pensait qu'il aurait pu faire Top 10 sur le contre la montre montagneux du Tour de l'Avenir ; Richard pensait aussi qu'il aurait fait un bon résultat aux championnats du monde à Aigle - Martigny car le parcours lui correspondait très bien, il connaissait les routes et "était allé s'entrainer de nombreux weekends sur le parcours".
En Suisse en 2020, avec son coach Richard Wooles à droite
La guerre du Tigré
Fin 2020, Hagos Berhe était censé rentrer chez lui pour l'intersaison, mais c'est à ce moment-là que la guerre a commencé dans le Tigré. "Quand je devais retourner chez moi, on sentait que la guerre était sur le point de commencer, puis les vols ont été bloqués." La guerre a officiellement débuté le 3 novembre. "Je ne pouvais pas rentrer chez moi, sinon je n'aurais pas pu revenir ici, ma carrière aurait été finie ; et même ma vie aurait presque été finie si j'étais rentré dans le Tigré." Donc, Hagos est resté plus longtemps en Suisse et, puisque la guerre ne s'est pas arrêtée, il y est resté depuis.
Le Centre Mondial du Cyclisme avait décidé de temporairement stopper son équipe masculine Espoir, car toutes ses courses avaient été annulées en 2020 en raison de la Covid (l'équipe masculine n'est pas encore de retour en 2022, on espère vraiment qu'elle le sera en 2023). Par conséquent, Hagos devait trouver une autre équipe. Robbie Hunter - ancien cycliste pro sud-africain, désormais agent de coureurs et copropriétaire de l'agence ProTouchGlobal - était l'une des personnes derrière la création de NIPPO-Provence-PTS Conti, une nouvelle équipe Continentale basée en Suisse et liée à la WorldTeam EF Education - Nippo, notamment via le sponsor japonais NIPPO. Ayant discuté avec le staff du CMC, Robbie connaissait le potentiel d'Hagos, il lui a donc trouvé une place chez NIPPO-Provence-PTS Conti. Un autre coureur tigréen très prometteur avait été recruté, Bizaye Tesfu Redae, qui est un an plus jeune qu'Hagos, mais il n'a pas pu venir en Europe et l'équipe a complètement perdu contact avec lui depuis le début de la guerre du Tigré. Le manager de NIPPO-Provence-PTS Conti est Marcello Albasini, ancien coach de l'équipe nationale suisse et ancien directeur sportif au niveau WorldTour, père de Michael. Marcello nous a parlé d'Hagos : "C’est un coureur avec de très bonnes valeurs physiques. En plus, c’est quelqu’un qui a la volonté de vraiment bien travailler, il a son but et il fait tout pour y arriver. Malheureusement, sa situation est tellement mauvaise que ce sera difficile pour lui d’y arriver. C’est aussi quelqu’un de bien en tant que personne, donc j'ai rapidement décidé que j'allais faire tout ce que je peux pour lui pour le faire passer chez les pros, c’est mon but avec lui. Il n’a pas couru depuis les Juniors donc il a beaucoup à apprendre, mais c’est clair qu’il comprend, et il comprend très vite. C'est sûr que je vais l’aider au maximum." Hagos a eu la chance d'être en Europe quand la guerre du Tigré a commencé, mais ça a été - et c'est toujours - très difficile pour lui, car il ne savait pas du tout ce qui se passait pour ses proches puisque internet et tous les moyens de communications ont été complètement coupés dans le Tigré au début de la guerre, et ils sont restés coupés la majorité du temps depuis. "Il n'a quasiment aucun contact avec sa famille, confirme Marcello Albasini. Un jour il a expliqué à ma fille 'mais c’est pas grave, j’ai trouvé une autre famille', parlant de ma famille. Il est beaucoup chez moi, et par exemple il appelle ma femme 'mama'." Quatre autres cyclistes originaires du Tigré sont restés en Europe depuis la début de la guerre : Tsgabu Grmay (Team BikeExchange-Jayco), Mulu Kinfe Hailemichael (ancien Delko, désormais chez Filial Caja Rural-Alea), Negasi Haylu Abreha (Team Qhubeka) et Selam Amha Gerefiel (WCC Team). La femme et le fils de Tsgabu Grmay ont pu après un certain temps quitter le Tigré pour Addis-Abeba, la capitale de Ethiopie qui est toujours restée en dehors de la zone de guerre, donc Tsgabu a pu renouer contact avec eux et leur rendre visite une ou deux fois. Mais les autres n'ont pas vu leur famille depuis le début de la guerre, et ont très rarement réussi à communiquer avec eux. Ca a été - et c'est toujours - très difficile pour eux, mais comme Hagos Welay Berhe l'a fait avec la famille de Marcello Albasini, ils ont tous trouvé ce qu'ils considèrent désormais comme leur nouvelle famille en Europe : pour Negasi Haylu Abreha c'est son équipe Qhubeka, pour Mulu Kinfe Hailemichael son agent Egoi Martinez chez qui il vit et pour Selam Amha Gerefield la WCC team (l'équipe féminine du Centre Mondial du Cyclisme, qui est enregistrée en tant qu'équipe Continentale). Les cyclistes tigréens se connaissent tous, "on est restés en contact, explique Hagos, mais on ne se disait que des choses basiques comme 'salut, comment vas-tu ? etc.', car il était inutile qu’on se demande les uns les autres si on avait des nouvelles de chez nous, puisqu'on savait que personne n’en avait et qu'on était tous dans la même situation."
Il habitait en Suisse, il avait une équipe avec un bon programme de course, mais Hagos Welay Berhe n'a pris le départ d'aucune course en 2021 en raison de problèmes administratifs. "Mon visa était terminé, nous pensions que ce ne serait pas trop compliqué mais les procédures étaient beaucoup plus longues que ce que l'on imaginait. J'avais hâte de courir mais j'ai dû attendre jusqu'à cette année." Durant la première partie de l'année, il habitait principalement dans la maison d'équipe avec la plupart de ses co-équipiers non-Suisses, la maison est à côté de celle d'Albasini. Etant donné que la guerre faisait toujours rage dans sa région et que sa situation personnelle ne s'améliorait pas, Hagos a choisi de demander le statut de réfugié en Suisse en juillet 2021. "A ce moment-là, il est sorti de notre système et moi je ne pouvais plus rien faire, explique Marcello Albasini. Après il a eu vraiment de la chance, il est dans un centre de réfugiés à côté de chez moi, à 10km, et là on a repris le contact." La procédure en Suisse est qu'il doit désormais vivre dans un centre de réfugiés la plupart de son temps. "Tout est payé pour lui, la nourriture, le logement, mais il est avec d’autres réfugiés qui n’ont pas d’intérêt pour le sport, ils font une autre vie ; pour Hagos c’est un peu difficile, ils sont 4 en chambre, c’est compliqué s’ils fument dans sa chambre… c’est la situation des réfugiés. Il vient souvent chez moi manger, parfois il dort chez moi, car le centre de réfugiés n'est pas un lieu permettant de pratiquer le sport de haut niveau sans problème, c’est difficile pour lui." Hagos n'a pas encore reçu la réponse à sa demande d'asile, cette réponse devrait arriver dans les prochaines semaines. "Je sais qu’étant donné ce qu’il se passe chez lui dans le Tigré il pourra rester ici, ça c’est clair, explique Marcello. Mais ce qui n’est pas encore défini c’est quel statut il aura. C’est exclu qu’il puisse avoir la nationalité suisse, mais il y a différents types de permis (A, B, C...) qui peuvent lui permettent de rester plus longtemps."
Cette année, l'équipe a été renommée EF Education-NIPPO Development et est officiellement devenue la réserve de la WorldTeam EF Education-EasyPost. Le développement de l'équipe Continentale est très important pour NIPPO, le sponsor japonais d'EF Education-EasyPost. Cependant, vu de l'extérieur, il ne semble pas que la WorldTeam considère que son équipe réserve soit si importante : alors qu'il avait officiellement été annoncé en début d'année qu'ils utiliseraient la possibilité de faire monter certains coureurs de la Conti dans la WorldTeam sur des courses .1 - comme toutes les autres équipes qui ont une réserve le font - ça n'est pas arrivée une seule fois depuis le début de la saison. Nous avons demandé à Marcello Albasini si nous verrons plus tard dans l'année des coureurs de l'équipe de développement courir avec l'équipe principale, il nous a indiqué que "pour l'instant aucune décision n'a été prise là-dessus, on verra peut-être dans la deuxième partie de la saison mais pas tout de suite". En ce qui concerne Hagos, il avait dans un premier temps été autorisé à courir en Suisse, et a ensuite obtenu la possibilité temporaire de courir dans le reste de l'Europe. "J’avais entendu que c’était possible pour lui d’avoir un permis de 30 jours pour courir à l’étranger, raconte Marcello Albasini. Mais au final l’administration Suisse a fait une erreur, ils lui ont donné le permis de courir dans les pays proches de chez nous de février à mi-juillet. Initialement, la Turquie était incluse car on devait courir là-bas, mais comme il a eu la Covid à ce moment-là j’ai essayé de prolonger ce permis, et à la place des 30 jours ils ont donné jusqu’à la moitié de juillet donc pour nous c’était super. Pour l’instant c’est super mais pour après on n'a pas encore de solution."
En stage à Barcelonette - Photo : Felix Stehli
Avec Marcello Albasini, vainqueur du maillot de grimpeur sur l'Istrian Spring Trophy
Enfin les premières courses
Après près de 2 ans d'attente, Hagos Welay Berhe a enfin pu prendre le départ de sa première vraie course en Europe en mars 2022.
Sa première course a été l'Istrian Spring Trophy, une course UCI 2.2 en Croatie avec un prologue et 3 étapes vallonnées (2 arrivée sur le plat et une très pentue). La startlist comptait 2 ProTeams (Bardiani CSF et Drone Hopper - Androni) ainsi que de très bonnes équipes Continentales (Hagens Berman Axeon, Swiss Racing Academy, Jumbo Visma Development, Astana Qazaqstan Development, Tirol KTM, Colombia Tierra de Atletas, Hrinkow Advarics, Adria Mobil, Voster ATS...) "J'étais très heureux et mon équipe aussi. Avant la course, j'ai lourdement chuté alors que je m'entrainais en Croatie, mais j'ai pu rapidement être de retour sur le vélo pour être au départ de la course en bonne condition" nous a dit Hagos. Pour un coureur originaire du Tigré, les premières courses Europe peuvent être très difficiles, il y a beaucoup de choses nouvelles qu'ils n'avaient jamais connues en Ethiopie et auxquelles ils doivent s'adapter, comme Tsgabu Grmay l'avait expliqué dans notre article sur le cyclisme éthiopien. Si Hagos Welay Berhe avait déjà eu le temps de s'adapter à la météo européenne et aux descentes techniques, courir dans un peloton de plus de 170 coureurs était complètement nouveau pour lui. "Oui, c’était très dur, il y avait un gros peloton et c’était ma toute première expérience. Il y a vraiment eu beaucoup de grosses chutes dans le peloton mais j’ai pu toutes les éviter heureusement. Il y avait aussi beaucoup de descentes techniques, étroites et avec beaucoup de virages, c’était très difficile. J’ai beaucoup appris sur comment courir dans le peloton, comment rester positionner à l’avant…" L'étape la plus difficile était la deuxième, avec une arrivée difficile dans le village de Motovun (environ 3,5km à 7%), les derniers hectomètres étaient dans une rue pavée et très étroite. Alex Baudin (Swiss Racing Academy) a remporté l'étape devant Martin López (Astana Qazaqstan Dev) et l'équipier d'Hagos Fabio Christen, alors que Matthew Riccitello (Hagens Berman Axeon) - qui était dans l'échappée gagnante de la première étape - a prit le maillot de leader. Hagos Welay Berhe a franchi la ligne 55 secondes après Baudin, en 30ème position, il n'a pas pu aider son équipier Fabio Christen ni essayer d'obtenir un meilleur résultat pour lui-même à cause d'un incident au pied de la montée : "à 3km de l'arrivée, un coureur de Jumbo lançait son équipier et s’est écarté d’un coup juste devant moi, touchant ma roue avant et tombant. J’ai réussi à rester sur mon vélo mais j’ai déraillé, ce qui m'a fait perdre du temps". Le dernier jour, Hagos a pris une échappée et est passé en tête de la dernière montée du jour ; comme il avait déjà pris des points la veille, il a remporté le classement du meilleur grimpeur.
Marcello Albasini encourage Hagos Welay Berhe lors du prologue - Photo : Istrian Spring Trophy
Hagos a ensuite participé au Grand Prix Crevoisier, une course d'un jour non-UCI en Suisse, qu'il a remportée. Il explique comment s'est passée la course : "Ca n'a pas arrêté d'attaquer toute la journée, aucune échappée ne s'est vraiment formée. A 30km de l'arrivée j'ai attaqué avec 3 autres coureurs et on a fait le trou, on a pris quelques secondes puis on s'est relayés ensemble pour creuser. Dans le final j'ai attaqué plein de fois, et j'ai finalement réussi à gagner." En remportant cette course, Hagos Welay prenait aussi le maillot de leader du classement des courses élites nationales en Suisse. Une semaine plus tard, il a terminé 6ème du Grand Prix L'Echappée, conservant ce maillot de leader.
Victoire sur le Grand Prix Crevoisier - Photo : Jonathan Vallat
En avril, Hagos a fait sa première course classée UCI 2.1, le Giro di Sicilia. 18 équipes étaient présentes pour ces 4 jours en Sicile, dont Trek-Segafredo, Intermarché-Wanty-Gobert, Astana Qazaqstan Team, l'équipe nationale italienne (emmenée par Damiano Caruso), Drone Hopper-Androni, Bardiani CSF Faizanè, EOLO-Kometa et Human Powered Health. Hagos Welay Berhe était très heureux de pouvoir courir contre de très bons coureurs comme Nibali, Caruso, ou Pozzovivo, il attendait particulièrement la dernière étape et son arrivée au sommet de l'Etna. Son objectif était d'essayer de suivre les meilleurs coureurs aussi longtemps que possible tous les jours. Après une première étape plate, la deuxième journée était vallonée ; Hagos était dans le peloton réduit quand il a été pris dans une chute à 6 kilomètres de l'arrivée. "Il y a eu une chute devant moi dans le peloton et je ne pouvais pas l'éviter. J'ai dû changer de vélo et j'ai perdu beaucoup de temps." L'étape 3 n'était pas aussi dure que la 2, mais il y avait un fort vent qui a créé des bordures dans le final. A 10km de l'arrivée, l'équipe nationale d'Italie a attaqué et le vent de côté a fait exploser le peloton. Hagos Welay s'est retrouvé dans un deuxième peloton ; il a prit beaucoup de longs relais dans le final en faux plat montant et a fait partie des coureurs qui ont réussi à faire le jump sur le premier peloton à 3km de l'arrivée. Il a passé la ligne dans le groupe de 36 derrière le vainqueur en solitaire - rescapé de l'échappée matinale - Fran Miholjevic. "C'était très dur dans les bordures, raconte-t-il, quand les WorldTeams accélèrent devant ce n'est pas possible de suivre. C'était les WorldTeams et les ProTeams devant et les équipes Continentales derrière." Le coureur colombien Edgar Andres Pinzon (de Colombia Tierra de Atletas, 8ème au général final) avait déjà expliqué dans une interview pour Cyclisme Actualités qu'on lui avait parfois dit durant ce Giro di Sicilia qu'il ne devrait pas être à l'avant du peloton ; Hagos nous a confirmé la même chose sur l'étape des bordures : "Oui, quand j’essayai d’être à l’avant et de suivre des coureurs Trek, Bardiani ou EOLO, on me disait 'ne vient pas devant, retourne derrière avec les équipes Continentales'." La dernière étape aurait pu être une bonne opportunité pour voir de quoi Hagos était capable lors d'une difficile arrivée au sommet, mais de la malchance l'en a empêché : alors qu'il était dans le peloton réduit dans la dernière petite descente avant le pied de l'Etna, il a eu une crevaison de la roue avant qui a provoqué une chute : "J'ai crevé de la roue avant dans cette descente, je ne pouvais rien faire, j'ai perdu le contrôle et chuté dans un virage." Après quelques kilomètres, il a réussi à revenir à l'arrière du peloton, mais a rapidement été lâché, souffrant de la chute. Il a terminé l'étape 46ème, 16 minutes après Damiano Caruso. Nous avons demandé à Hagos quel était son sentiment après cette grosse course, entre la satisfaction d'avoir eu une première expérience à ce niveau et la déception d'avoir manqué l'opportunité de faire valoir ses talents de grimpeurs à cause de malchance : "C'était une bonne expérience, je n’étais clairement pas déçu. C’est le cyclisme, parfois vous chutez et parfois vous gagnez. Mais je n’abandonne jamais. Je me suis dit 'Ok, ce n’est peut-être pas mon jour, mais je vais continuer à travailler et essayer de comprendre mes erreurs pour ne pas les reproduire'."
Début mai, Hagos a couru le GP Vorarlberg, une course d'un jour vallonée en Autriche. Ce n'est pas une course UCI, mais la startlist était aussi bonne qu'elle aurait pu l'être si c'était une course UCI 1.2. Johannes Staune-Mittet (Jumbo-Visma Development) s'est imposé en solitaire devant Matevz Govekar (Tirol KTM, qui a rejoint Bahrain Victorious quelques semaines après) et Daniel Turek (Felbermayr Simplon Wels). Hagos Welay Berhe était dans le petit groupe qui a sprinté pour la deuxième place, il a terminé 6ème.
La semaine suivante, Hagos a pris la 94ème place de la Flèche Ardennaise remportée par Romain Grégoire (Groupama-FDJ Conti), c'était sa première course en Belgique. "Vers le milieu de la course, il y a eu une chute devant moi, j'ai freiné et ma roue arrière a été touchée. Je n'ai heureusement pas chuté, mais j'avais un problème mécanique. Ensuite, j'étais très fatigué, j'ai été lâché et j'ai terminé seul. Mais c'était une très belle course."
Ensuite, il a terminé 4ème de 2 autres courses en Suisse (GP de la Pédale Romande and GP Cham-Hagendorn), reprenant le maillot de leader du classement des courses élites nationales en Suisse, qu'il avait perdu après avoir manqué 2 courses.
Fin mai, il était sur le Tour de la Mirabelle, une course classée UCI 2.2 dans le nord-est de la France qui a été remportée par Rob Scott (WiV SunGod). Hagos a tenté d'attaquer dans différentes montées ; le dernier jour il a réussi à s'échapper avec Clément Braz Afonso, mais ils ont été repris dans le final. Le parcours n'était pas assez dur pour faire des différences, c'est donc les temps du prologue des coureurs ayant terminé dans le groupe de tête lors des 3 étapes en ligne qui ont déterminé le classement général final ; Hagos Berhe était 24ème.
Au départ du Tour de la Mirabelle avec Yugi Tsuda (gauche) et Ethan Villaneda (droite) - Photo : Hervé Dancerelle / DirectVelo
Il y a quelques jours, le 6 juin, Hagos a fait Paris - Troyes, une course française 1.2 essentiellement plate avec 13 équipes Continentales - dont Groupama-FDJ Conti, U Nantes Atlantique et WiV Sun God - et certaines des meilleures équipes amateures françaises. Après un départ rapide, 29 coureurs costauds dont Hagos faisait partie se sont détachés à l'avant, mais Hagos a été lâché dans le 2ème partie de course et a terminé dans le peloton, alors que Rob Scott (WiV Sun God) gagnait devant. "J'étais malade mais j'ai fait de mon mieux" nous a-t-il dit.
Quelques jours plus tard, EF Education NIPPO Development participait au GP Kanton Aargau, une course 1.1 vallonée en Suisse à 2 jours du départ du Tour de Suisse, 10 WorldTeams étaient présentes. Hagos ne s'était pas encore remis de sa maladie, il a terminé 57ème, 10 minutes derrière le vainqueur Marc Hirschi. "Je ne me sens toujours pas bien à cause de la maladie, mais j'ai j'espère que ça ira mieux bientôt." Il n'a pas participé à la course élite nationale suisse du lendemain.
Dans la roue d'Enzo Paleni sur Paris Troyes - Photo : Alexis Dancerelle / DirectVelo
Quel futur ?
Hagos n'est pas au départ du Baby Giro (Giro d'Italia Giovani Under 23) car EF Education-NIPPO Development n'a pas été invitée. Il aura deux gros objectifs début juillet : le Sibiu Tour en Roumanie et le Giro Valle d'Aosta U23 en Italie. Le Sibiu Tour a de belles étapes pour les grimpeurs avec la célèbre arrivée à 2000m d'altitude au Bâlea Lac et un chrono montagneux. Cette année, la startlist sera la meilleure de l'histoire de l'épreuve avec la présence de 6 WorldTeams (Jumbo-Visma, BORA - Hansgrohe, Astana Qazaqstan, Cofidis, Lotto Soudal et Israel - Premier Tech). Le Giro Valle d'Aosta U23 est l'une des courses par étapes Espoirs les plus difficiles et quasiment toutes les meilleures équipes Espoirs seront présentes. "Ce sont deux courses qui devraient bien convenir à Hagos" affirme Marcello Albasini. Comme il avait chuté sur l'étape de l'Etna en Sicile, ces courses devraient être la première fois qu'Hagos pourra montrer ce dont il est capable en haute montagne. Il sera protégé dans son équipe et pourrait obtenir de bons résultats.
Pour la suite, il doit attendre de savoir quel type de permis il obtiendra à la suite de sa demande s'asile, pour planifier le reste de sa saison. Le Tour de l'Avenir aurait pu être un de ses principaux objectif s'il peut courir en France, car le Centre Mondial du Cyclisme y envoie habituellement une équipe composée de coureurs de petites nations qui ne peuvent pas participer avec leurs équipes nationales. Cependant, il semble qu'il n'y aura probablement pas d'équipe du CMC au Tour de l'Avenir cette année, c'est ce que Marcello Albasini nous a dit : "Malheureusement, le Centre Mondial du Cyclisme ne devrait pas faire le Tour de l'Avenir cette année. J’ai de bons contacts avec le centre mondial et j’ai demandé en avance pour savoir s’il y a une possibilité, et ils m’ont dit que pour le moment ils ne devraient pas pouvoir participer. Pour Hagos c’est vraiment dommage car la course lui aurait bien convenu."
Comme nous l'avons déjà mentionné plus tôt, Hagos Welay Berhe est un grimpeur ; quand on lui demande quel type de montée il préfère, il répond sans hésiter que ce sont les plus dures, "mes montées préférées sont celles qui sont longues et pentues". En ce qui concerne les autres aspects du cyclisme, il nous a dit qu'il aime bien "les sprints en petit comité et les contre la montre montagneux, mais pas les chronos plats, c'est dur pour moi."
"A court terme mon objectif est d’obtenir un contrat World Tour, et plus tard j’aimerai gagner sur le Tour de France." Le début de carrière d'Hagos n'a pas été facile, c'est le moins que l'on puisse dire, mais son potentiel est toujours là et s'il n'a pas trop de problème avec son permis après le mois de juillet et s'il est capable de montrer sur les courses montagneuses ce qu'il fait à l'entrainement ces dernières années, le voir au plus haut niveau du sport dans le futur semble vraiment possible. Marcello Albasini et Robbie Hunter feront tout leur possible pour l'aider à atteindre le World Tour.
Photo : EF Education NIPPO Development
Nous avons hâte de voir ce qu'Hagos peut faire en juillet sur le Sibiu Tour et le Giro Valle d'Aosta, nous pensons que ses résultats pourraient être une bonne surprise pour ceux qui ne connaissent pas son parcours. Ensuite, on espère vraiment qu'il obtiendra un permis qui lui permettrait de se concentrer à 100% sur la suite de sa carrière. On espère qu'Hagos Welay Berhe sera un coureur World Tour dans le futur, s'il y parvient ce serait mérité après tout ce qu'il a dû traverser. En plus d'avoir de super qualités physiques, il semble vraiment être une très bonne personne.
Nous souhaitons aussi le meilleur pour l'équipe EF Education - NIPPO Development, ils ont construit une équipe très sympa avec un mix entre des coureurs japonais, des coureurs suisses et d'autres jeunes venants de différents pays, à qui ils ont donné une belle chance. Espérons que des liens plus forts avec EF Education-EasyPost pourront être (vraiment) construits pour donner d'avantage d'opportunités aux coureurs de l'équipe Continentale.
Evidemment, nous ne pouvons pas oublier de souhaiter le meilleur aux autres coureurs originaires du Tigré qui sont en Europe : Tsgabu Grmay, Mulu Kinfe Hailemichael, Negasi Haylu Abreha, Selam Amha Gerefield, ainsi qu'Eyeru Tesfoam Gebru qui a pris une autre voie. Nous pensons aussi à toutes les personnes coincées dans le Tigré, les cyclistes et tous les autres habitants, qui vivent des moments très difficiles et on espère vraiment que la guerre puisse s'arrêter aussi vite que possible. Alors que le cyclisme tigréen était en progression avec beaucoup de jeunes coureurs qui auraient pu arriver dans les prochaines années, il parait désormais très peu probable que de nouveaux coureurs puissent arriver en Europe dans un futur proche. Cependant, nous devons mentionner qu'Hailemelekot Hailu continue de faire un super travail en formant de jeunes filles et garçons à Mekele, leur donnant des compétences et de l'espoir malgré la guerre et la famine. Le boulot d'Hailemelekot est incroyable et on adorerait voir un jour certains de ces jeunes cyclistes avoir une carrière en Europe, mais même si ça n'arrive jamais, ce qu'il leur apprend les aidera à construire leurs vies une fois que la guerre sera terminée. Pour en apprendre plus sur les cyclistes éthiopiens, nous avions fait un gros article avant la guerre du Tigré, et nous avions donné des nouvelles plus détaillées dans notre article "80 cyclistes à suivre en 2022".
Merci à Hagos Welay Berhe et Marcello Albasini pour leur participation !
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Mise à jour 01/07/2022 : Sa maladie s'étant un peu prolongée, Hagos et son équipe ont décidé qu'il était mieux pour lui de renoncer au Sibiu Tour afin d'être sûr d'être prêt pour son objectif principal qu'est le Tour du Val d'Aoste.
Mise à jour 15/08/2022 : Hagos a terminé 7ème du Tour du Val d'Aoste, en ayant fait les 2 dernières étapes sans équipiers (ils avaient tous abandonné) ; l'avant dernier jour - lors de l'étape reine - il a un temps été le seul coureur capable de suivre le duo de la Groupama-FDJ Thompson/Martinez avant de craquer dans la dernière montée.
Hagos a également obtenu un permis Suisse lui permettant de vivre dans de meilleures conditions. Cependant, il n'a pas pu obtenir de nouveau visa européen à temps pour le Tour d'Alsace, une course qui lui aurait convenu. Mais bonne nouvelle : le Centre Mondial du cyclisme sera finalement bien présent sur le Tour de l'Avenir et Hagos pourra être au départ en temps que leader.
Mise à jour 05/09/2022 : Hagos a connu une première semaine difficile sur le Tour de l'Avenir, avec une première chute qui lui a fait perdre toute chance pour le classement général, mais surtout une 2ème à l'arrivée de la 6ème étape à Oyonnax : alors qu'il était dans le groupe de 19 qui se disputait la victoire au sprint sur cette première étape vallonée, un coureur est tombé juste devant lui à quelques mètres de la ligne d'arrivée, le projetant violemment au sol alors que son vélo volait, provoquant la chute d'autre coureurs de l'autre côté de la route. Après ces grosses chutes, la première étape de montagne a logiquement été compliquée, mais il a tout de même obtenu un Top10 à la pédale lors de la 2ème étape de montagne. Quelques jours plus tard, Hagos Welay Berhe était au départ avec son équipe du Giro della Regione Friuli (2.2), course Italienne comptant une étape de montagne avec arrivée au sommet du célèbre Monte Zoncolan. Malheureusement, Hagos a encore été victime de malchance : il a été victime d'un problème mécanique juste avant le pied du Zoncolan, alors que le rythme était très soutenu. Il a tout de même terminé 12ème de l'étape à 1'20" de Riccardo Lucca (et 13ème au général final), sans ce problème mécanique il se serait assurément battu pour la victoire.
Mise à jour 23/09/2022 : Grâce à ses bonnes performances et ses datas impressionnantes, Hagos a attiré l'attention de plusieurs équipes WorldTour, il a été annoncé hier qu'il a signé 3 ans dans l'équipe BikeExchange - Jayco.
Mise à jour 10/06/2023 : Après s'être blessé lors de sa première course de l'année, Hagos est revenu à la compétition lors du GP Kanton Aargau, terminant 21ème. Il va prendre part à sa première course World Tour à l'occasion du Tour de Suisse.
La guerre du Tigré s'est terminée en novembre dernier, permettant un retour à la vie normale dans cette région, bien que les conséquences de 2 ans de guerre restent très lourdes. Hagos n'a pas encore pu retourner chez lui, mais ça a récemment été le cas d'un premier cycliste tigréen, Mulu Kinfe Hailemichael (Caja Rural).
Mise à jour 22/08/2023 : C'était prévu depuis un moment mais c'est désormais officiel : Hagos Welay Berhe sera au départ de la Vuelta cette année, devenant le deuxième éthiopien à participer à un Grand Tour, après Tsgabu Grmay. Au sein d'une équipe Jayco composée d'Eddie Dunbar pour le général et de nombreux bons baroudeurs, Hagos devrait pouvoir jouer sa carte s'il parvient à s'échapper sur une étape de montagne. En effet, si ses facultés de récupération sur 3 semaines restent encore à prouver, il affiche un très bon niveau depuis ses débuts en juin dernier. Sur le Tour de Suisse, il a terminé dans le Top20 des 2 étapes de montagne les plus difficiles. Alors classé 18ème au général, il terminera 16ème en raison des retraits qui ont suivis le tragique décès de Gino Mäder. Le surlendemain de l'accident, lors de l'étape remportée par Remco Evenepoel, Hagos se fit remarquer en tentant de suivre l'attaque du Belge, avant d'exploser. Début juillet, Hagos Welay Berhe est aligné sur le Tour d'Autriche et échoue deux fois à la deuxième place d'étapes de moyenne montagne, devancé par le rapide équatorien d'INEOS Jhonatan Narváez. Ayant perdu du temps lors de la première étape, Hagos ne termine que 6ème au général. Quelques semaines plus tard, il termine 9ème de la Vuelta a Castilla y Leon, course de moyenne montagne avec arrivées sur le plat où il a été un précieux équipier pour le sprinteur-grimpeur Felix Engelhardt, vainqueur de la première étape et deuxième au général final. Berhe participe ensuite à la classique de San Sebastian (41ème) avant de se préparer en haute montagne pour la Vuelta, notamment en Suisse.
Au Tour de Suisse - Photos : SprintCycling
Devancé par Jonathan Narvaez sur la dernière étape du Tour d'Autriche
Retrouvez notre gros dossier publié le 4 février 2023 :