top of page

Nicolas Sessler, cycliste brésilien de 27 ans, a passé les 3 dernières années dans l'équipe Burgos BH, il était le seul brésilien à courir à ce niveau. Cette année, il court dans la nouvelle équipe Continentale Global 6 Cycling. Au moment où nous publions cet article, il participe au Tour of Britain.

Nicolas aime partager son expérience et sa vision du cyclisme, il a donc accepté avec plaisir notre proposition d'interview. Depuis la ville espagnole de Valence où il réside en Europe, il nous a accordé un long entretien téléphonique en français, l'une des 5 langues qu'il parle. Il nous a raconté comment il a commencé le VTT, sa transition vers la route et ses années amateurs, les difficultés qui ont suivi son passage chez les pros, la manière dont il a rebondi cette année, sa vision du cyclisme, ainsi que les problèmes liés au manque de culture cycliste et au dopage auxquels se heurte le cyclisme brésilien.

Débuts en VTT

     Nicolas Sessler est né le 29 avril 1994 à Ribeirão Prêto, une ville située dans la province de São Paulo. Il commence à faire du VTT à l'âge de 10 ans : son père et un de ses amis décident de se mettre au vélo pour perdre un peu de poids, et ils emmenent chacun leur fils avec eux. "Il est important de dire qu'au Brésil je n'ai jamais fait de course sur route, toujours du VTT." La raison à celà est que le VTT est beaucoup plus développé que le vélo de route qui a mauvaise réputation au Brésil. "A cette époque, vers 2004/2005, le Tour de France commençait à être diffusé à la télévision au Brésil mais très peu, les gens ne connaissaient pas bien, on savait 'il y a ce Lance Armstrong et tout ça, mais les cyclistes sont tous dopés...'. Il y avait beaucoup cette mauvaise image, surtout avec le vélo de route. Au Brésil, le cyclisme sur route a encore une image vraiment négative qui vient de cette période de dopage, et le cyclisme compétitif sur route a encore aujourd'hui beaucoup de problèmes avec le dopage en Amérique du Sud. Quand tu es jeune et que tu veux choisir un sport, tu t'interesses aux concepts positifs : le courage, le panache, le travail... et pas aux choses négatives comme le dopage. C'est aussi culturel si le VTT est beaucoup plus développé que le vélo sur route au Brésil : il y a plus de sponsors, plus d'équipes, plus d'événements, de courses... ça a toujours été comme ça." Nous reviendrons plus en détail sur les différents problèmes que rencontre le cyclisme sur route brésilien en fin d'article. Nicolas Sessler a participé à sa première course de VTT vers 11 ou 12 ans, "c'était une course régionale et curieusement j'ai gagné dès cette première course."  A partir de là, Nicolas a avancé étape après étape : "J'ai bien aimé et j'ai commencé à participer à plusieurs courses, petit à petit des courses au niveau national, puis j'ai été sélectionné par l'équipe nationale pour faire des courses internationales, peu à peu j'ai commencé à trouver des sponsors, des équipes..." Il continue sa progression et dès sa première année Junior, en 2011, il part courir plusieurs mois au Canada et participe à des manches de coupe du monde de VTT cross country. "J'ai commencé par le Quebec où j'ai eu l'opportunité de passer 5 ou 6 mois, c'est là où j'ai appris le français que je connais aujourd'hui." L'année suivante, il participe à de nombreuses manches de coupe du monde à travers le monde. "En tant que Junior j'ai eu l'opportunité de voyager partout, j'ai fait 2 fois podium en coupe du monde et j'étais 7ème du classement mondial Junior." Ses 2 podiums en coupe du monde VTT cross country ont été acquis en 2012 à Pietermaritzburg en Afrique du Sud et à Windham aux Etats-Unis et ont donc contribués à ce qu'il termine 7ème du classement mondial dans la catégorie Junior cette année là. A cette époque, il voyait donc une carrière dans le VTT comme une vraie possibilité, alors qu'il n'imaginait pas du tout faire de la route. Ses résultats en 2012 lui ont aussi permis de signer dans une équipe de VTT Belge l'année suivante : "C'est cette que saison j'ai eu une invitation pour venir en Europe avec une équipe Belge qui s'appellait KTM Houffalize. Le club de Houffalize organisait souvent une coupe du monde de VTT là bas et était très reconnu. Lors d'une course, j'ai rencontré le manager et il m'a dit 'si tu veux on peut avoir une place pour toi'. En tant que brésilien ça a toujours été clair que si je voulais progresser dans ma vie sportive je devais venir en Europe, donc quand j'ai reçu cette invitation je l'ai accepté directement." Il a donc rejoint ce club et s'est installé en Europe en 2013, alors qu'il passait dans la catégorie Espoir. Il continuait ses études en parallèle : " Je faisais Economie et Administration à l'Université de São Paulo, et c'était bien car quand j'ai été invité en Belgique, je pouvais aussi faire un programme d'échange avec l'université de Gand qui était à côté de là où j'habitais. Chez moi mes parents m'ont toujours beaucoup soutenu dans ma carrière sportive, mais à condition de continuer les études en même temps. J'ai donc continué mes études à Gand durant les trois années et demi où j'ai habité en Belgique, et c'est aussi pour ça que je devais apprendre le Néerlandais car je voulais finir mes études en Belgique il n'était pas possible de le faire en Anglais."

479912_492598004107550_1399000801_n.jpg

Août 2012, BMC Racing Cup à Muttenz, en Suisse.

10003766_730651383635543_1837956058_o.jpg

En 2014, avec le maillot de l'équipe KTM Houffalize.

Du VTT à la route

     "En 2015, mon équipe de VTT, KTM Houffalize, n'allait pas bien du tout : ils n'avaient pas de budget, on ne faisait pas de course... l'ambiance n'était vraiment pas bonne. J'avais parlé avec mon coach, il connaissait bien mes caractéristiques et m'avait demandé : 'Nico tu as déjà fait de la route ? Je pense que ça pourrait bien convenir à ton profil.' Je lui répondais toujours 'non non non non, ça c'est pas pour moi, c'est pour les dopés, je n'en ferrais jamais, bla bla bla...' Quand l'équipe a eu ces problèmes financiers, il m'a dit 'regarde Nico, aujourd'hui ce n'est plus comme il y a 10 ans, ici en Europe les coureurs ne pourraient plus faire comme avant, il y a le passeport biologique, il y a ci et ça... Comme on n'a plus de courses en VTT je vais te chercher un petit club où tu pourras faire des kermesses et des petites courses, et comme ça tu restes actif.' J'ai dit 'bon ça va, c'est un bon compromis'. J'ai donc commencé et je m'en sortais bien, je me rappelle la troisième ou quatrième course, c'était une kermesse, et les gars m'ont dit 'oh tu grimpes bien !', car pour un Belge quand tu peux passer un pont tu es déjà un bon grimpeur (rires)." En juillet 2015, Nicolas Sessler se rend en France pour participer au Tour de la Dordogne avec son équipe de route, Dovy Keukens FCC. Lors de la difficile deuxième étape, courue sous la canicule, il réalise un numéro incroyable : sortit seul dans une bosse à 90km de l'arrivée, et malgré une chute, il s'impose et prend le maillot jaune. Il perd le maillot le lendemain sur le contre la montre et termine 9ème du classement général final. "C'était une surprise, le jour de ma victoire je me suis dit 'wow j'aime bien les courses par étapes, je m'en sors bien, seulement ma 4ème ou 5ème course et j'ai déjà gagné ! Si je gagne, ce n'est pas possible que les autres ne soient pas clean, donc je crois que je peux continuer.'"

     L'année suivante, en 2016, Nicolas Sessler rejoint une bonne équipe Belge espoir, VL Technics - Experza - Abutriek, où courent aussi Michael Storer ou Arjen Livyns. Il a donc l'occasion de participer, en plus des petites courses Belges, à de grandes courses Espoir et des courses classées UCI 1.2 et 2.2. Il termine 33ème de Liège Bastogne Liège Espoir, puis 9ème et meilleur grimpeur de la Vuelta Al Bidasoa - une course de référence en Espagne chez les Espoirs, il participe ensuite au Tour de Savoie Mont Blanc puis à la Valle d'Aosta U23, course réputée très difficile remportée cette année là par Kilian Frankiny devant Enric Mas et où Nicolas Sessler termine 19ème. Il enchaine avec une 6ème place au général du Kreiz Breizh Elite et une 3ème place au général du Tour du Piémont Pyrénéen avant de remporter la Volta a Valencia, qu'il court exceptionnellement avec l'équipe Espagnole Compak-Campo Claro. En septembre, il enchaine les courses en Belgique avec notamment le Grote Prijs Marcel Kint, et en octobre il termine 19ème du Piccolo Giro di Lombardia et participe à Paris - Tours U23. Il montre donc, pour sa dernière année U23 mais seulement sa deuxième année sur route, qu'il peut accrocher des places d'honneur sur les plus grandes courses Espoirs difficiles, et gagner à un niveau légèrement inférieur. Même si il fait aussi quelques résultats sur les petites courses et les kermesses Belges, il comprend vite que ce ne sont pas les courses qui lui conviennent le mieux : "C'est vrai qu'avant de passer pro on ne sait pas vraiment quel type de coureur on est, mais on sait ce qu'on n'est pas : j'ai vu déjà qu'avec 56-57 kilos je n'étais clairement ni un sprinteur ni un rouleur, il restait déjà peu d'options : peut-être un puncheur ou un grimpeur."

EpJ05q-XEAU-jhI.jfif
Tour-de-la-Dordogne-2éme-étape-Rouffiac-Jumilhac-le-Grand-241.jpg

Victoire sur la 2ème étape duTour de la Dordogne 2015 après un numéro en solitaire

12605441_1090647130969298_4971116444649266262_o.jpg

 VL Technics - Experza - Abutriek en 2016

Meilleur jeune du Kreiz Breizh Elites 2016

Premier passage en Espagne

     En mai 2016, Nicolas Sessler participe à la Vuelta Al Bidasoa, une des courses de référence en Espagne dans la catégorie Espoir. Il termine meilleur grimpeur et 9ème au général et attire l'attention d'Alejandro Fuster et de Jorge Quintana qui travaillent avec l'agence Velofutur. "Jorge Quintana m'a alors contacté et m'a dit : 'Regarde Nico, le cyclisme Belge n'est pas vraiment adapté à ton profil, tu devrais peut-être venir en Espagne car il y a plus de courses pour les grimpeurs'." Ils permettent à Nicolas Sessler de venir la Volta a Valencia fin 2016, et le font signer avec Lizarte, une des toutes meilleures équipes amateures en Espagne (rien que cette année-là des coureurs comme Richard Carapaz, Óscar Rodríguez et Hector Carretero passaient pro en provenance de Lizarte), pour la saison 2017. Cette saison se passe très bien, Nicolas est très bon sur le circuit amateur Espagnol : il réalise un total d'une 20ène de Top10, preuve de sa régularité, et s'impose au général de la Volta a Lleida. Il apprend aussi rapidement à parler Espagnol, sa 5ème langue. "C'était vraiment une belle saison, un grand apprentissage, c'était l'une de mes meilleures années sur le vélo, ça s'est vraiment bien passé. La culture du cyclisme était vraiment différente. Je me rappelle qu'en Belgique c'était toujours 'on mange des frites avec de la carbonade, tu dois avoir du gaz', des bordures, au briefing on parlait d'où sont les virages... Je suis arrivé en Espagne et c'était complètement différent, j'ai appris le travail d'équipier, travailler en équipe, certaines choses que je n'avais pas appris en Belgique, tout le monde parlait de la montagne, des watts par kilos... Je demandais au briefing 'Aujourd'hui il n'y a pas de vent ? D'où vient le vent ?', ils me regardaient et disaient 'non non non, ici pas de vent, tu dois regarder les montées', c'était surprenant pour moi." Etant donné sa bonne saison, l'objectif était évidemment de passer pro pour Nicolas : "Oui bien sûr, fin 2016 il y avait déjà des contacts mais on savait que je n'étais pas près, après seulement un peu plus d'une saison sur la route il y avait beaucoup de choses que je ne savais pas comme le travail en équipe, bien courir en peloton, etc. Avec Lizarte l'objectif était clair : faire une saison avec eux et passer pro ensuite."

En la Vuelta a Zamora. Foto Vuelta a Zamora.jpg
Volta Lleida.jpg
17493227_1474012589299415_4301107141518244830_o.jpg

Sur la Volta a Lleida où il remporte le classement général

Attaque sur le Mémorial Pascual Momparler

Un stage chez Israël Cycling Acedemy

     Les bonnes performances de Nicolas Sessler avec Lizarte ont été remarquées par Ran Margaliot et Kjell Carlström, directeurs sportifs de l'équipe Israël Cycling Acedemy qui évoluait alors au niveau Continental Pro. Ils lui ont offert la possibilité d'effectuer un stage dans leur équipe à partir d'août 2017. La première course de Nicolas avec Israël Cycling Academy était la Pro Ötztaler 5.500, une classique UCI 1.1 en Autriche qui avait vu le jour cette année là - mais qui n'a pas connu de 2ème édition - et se voulait être la course d'un jour montagneuse la plus difficile avec 238 km, 4 cols dont le dernier à plus de 2500m d'altitude, pour un total 5500 mètres de dénivelé positif. La course a été remportée par Roman Kreuziger (Orica Scott), devant Simon Spilak (Katusha-Alpecin) et Giullio Ciccone (Bardiani CSF). Pour Israël Cycling Academy, Jose Manuel Diaz termine 10ème et, à la surprise générale, le stagiaire Nicolas Sessler fait une super course terminant 17ème. "C'était une surprise parce que je n'espérais rien et l'équipe non plus. J'étais en bonne forme et la course me convenait bien avec de très longues montées. J'ai fait un très bon résultat mais personne, même pas moi, ne s'attendait que je fasse aussi bien. Je crois que même aujourd'hui ça reste mon meilleur résultat chez les pros." Ensuite, Nicolas participe aux courses Italiennes de fin de saison, terminant notamment 27ème du Giro della Toscana remporté par Guillaume Martin devant Visconti, Cattaneo, Vincenzo Nibali et Bernal. Ce stage réussi a permis à Nicolas Sessler de signer son premier vrai contrat pro l'année suivante, mais pas chez Israël Cycling Academy : "Quand j'ai signé en tant que stagiaire, Ran (Margaliot) et Kjell (Carlström) m'ont dit tout de suite 'on veut te donner cette opportunité, mais on ne va pas avoir de place pour toi l'année prochaine', je le savais dès le premier jour. Ils allaient faire le Giro l'année suivante et avaient déjà définit l'essentiel de leur effectif. Donc c'était plutôt une opportunité de me faire découvrir ce niveau et de me faire remarquer chez les pros ; et mes performances en Autriche et en Italie m'ont bien aidé pour signer le contrat avec Burgos."

21083264_1644657882234884_2871021220540743897_o.jpg

Après l'arrivée de sa première course avec ICA, la Pro Otzaler où Nicolas a terminé 17ème.

22181253_1680678391966166_4687270987054166136_o.jpg

Tre Valli Varesine 2017

Les 3 années chez Burgos BH

     En 2018, Nicolas Sessler signe donc dans l'équipe Burgos BH à l'âge de 23 ans. Avec l'aide de ses agents, Jorge Quintana et Alejandro Fuster, il était déjà en contact avec l'équipe espagnole et ses bons résultats en fin d'année ont permis la signature. C'était la première année de Burgos BH au niveau Pro Continental et, bien qu'étant assez faible pour sa première année, elle avait déjà été invitée sur la Vuelta. Mais pour Nicolas, la saison 2018 ne s'est pas passée comme il l'espérait : "C'était pas vraiment mes meilleurs années, c'était un vrai choc. La première saison surtout, j'avais cette anxiété de faire vraiment vraiment bien. Je ne pensais que 'les watts par kilo, les watts par kilo, s'entrainer plus, manger moins...'. La combinaison est catastrophique, et ce qui s'est passé c'est qu'en avril j'étais déjà en surentrainement. J'ai eu une saison terrible, j'étais vraiment mal, j'étais malade..." L'équipe Burgos BH n'est pas l'une des plus grandes équipes de deuxième division en termes de budget ni de structure, les coureurs n'y sont donc pas aussi bien accompagnés que dans les grandes équipes. Nicolas s'est senti très seul lors de cette année très difficile, dans un premier temps son équipe ne s'est pas du tout rendu compte qu'une des raisons de son mauvais niveau était le surentrainement. "Du côté de l'équipe je n'avais pas beaucoup de soutient, j'allais en course et je n'étais pas au niveau, ils me disaient 'Qu'est ce qui se passe, tu n'es pas au niveau ! Tu dois t'entrainer plus, tu dois être mieux pour les prochaines courses. Comme tu n'es pas au niveau on va pas te prendre sur cette course-là...' C'était une spirale négative, je me disais 'je ne suis pas bon donc je dois m'entrainer plus et manger moins', la combinaison était vraiment catastrophique." Malgré ces problèmes, il cumule quand même 47 jours de course en 2018, se montre régulièrement en échappée, mais son meilleur classement à l'arrivée reste la 30ème place acquise en tout début de saison sur le Trofeo Palma.

     "Mais la deuxième saison ça s'est mieux passé, car j'avais vu que la première année je n'étais pas vraiment au niveau et que j'avais fait des erreurs. En 2019, j'ai travaillé de manière plus normale et j'ai eu une saison que je considère plus solide. J'ai retrouvé le Nicolas de 2017." Début avril 2019 il termine 23ème du GP Miguel Indurain, ce qui lui permet d'être sélectionné pour sa première course World Tour : l'Itzulia Basque Country. Sur ce Tour du Pays Basque très relevé, il parvient à s'échapper et est le seul coureur de son équipe à terminer la dernière étape dans les délais. Quelques semaines plus tard, il réalise aussi une belle course sur le GP de Plumelec-Morbihan. Il fait ensuite un bon travail pour ses leaders sur des courses au Portugal ou en Chine, et continue à se faire plaisir en échappée quand il en a l'occasion. Il participe également à une autre course World Tour : la Clasica San Sebastian, qu'il parvient à terminer. Il n'est cependant pas sélectionné pour participer à la Vuelta a España. La deuxième saison de Nicolas chez Burgos BH est plutôt rassurante par rapport à la grosse déception de 2018 et l'équipe lui propose donc une prolongation d'un an.

     "Mais 2020 n'a jamais vraiment commencé pour moi, les choses ne se sont pas bien passées. Au stage de l'équipe en février, j'ai attrapé un virus - ce n'était pas le covid - et j'étais vraiment mal. Au final je n'ai fait aucune course. L'équipe courait en Arabie Saoudite, j'ai fait le voyage mais j'étais super mal, incapable de manger, de la fièvre... je crois que j'ai fait 15 km sur la première étape et j'ai arrêté. Après ça, je suis rentré en Espagne puis le covid est arrivé et je suis alors retourné au Brésil car c'était la panique partout. Quand je suis retourné au Brésil, j'ai retrouvé du plaisir et j'étais vraiment heureux, rien que le fait d'être cycliste, m'entrainer, être avec ma famille... Ce qu'il s'est passé ensuite c'est que quand les choses se sont normalisées ici en Europe en été, la situation au Brésil était vraiment mauvaise. Les dirigeants de l'équipe ont dit 'non, on ne veut pas que tu rentres en Europe, tu risques de venir avec le covid et on aurait des problèmes, donc non tu ne dois pas venir'. Et curieusement quand ils m'ont dit ça c'était comme une libération, ok on ne va pas renouveler le contrat mais je crois qu'au fond je ne le voulais pas non plus, je n'étais pas heureux à cette place-là." Pourtant, dans un premier temps, Nicolas a été un peu surpris et a tout fait pour trouver une autre équipe, au moins au niveau Continental, en Europe. Mais après des semaines de recherche il a compris que ça n'allait pas être possible et a renoncé à continuer sa carrière sur route : "Quand j'ai su que le contrat avec Burgos ne serait pas renouvelé, j'ai essayé partout, comme tous les cyclistes qui sont dans cette situation, j'ai contacté des équipes en Autriche, en France, en Belgique, en Espagne, au Portugal... partout où j'avais des contacts j'ai essayé. Mais c'était difficile parce que je n'avais pas couru du tout en 2020 et en vérité les saisons que j'avais fait chez les pros, 2018 je n'étais pas au niveau et en 2019 c'était mieux mais j'ai beaucoup travaillé en tant qu'équipier et ça ne se voit pas sur ProCyclingStats. Donc c'était vraiment difficile et en novembre j'ai réalisé que ça allait être presque impossible de trouver une équipe pour continuer en Europe. Certes retourner chez les amateurs était une possibilité, mais dans ce cas-là je préférais retourner au VTT. J'ai commencé d'autres projets chez moi : un podcast avec des amis, travailler un peu en tant que commentateur sur des courses au Brésil, faire des présentations pour beaucoup de gens... J'étais vraiment heureux et je m'étais dit que j'allais peut-être retourner au VTT et faire ça plus comme un hobby, je ne voulais pas continuer avec cette vie que j'avais en Europe car je n'étais pas vraiment content. J'aime beaucoup le VTT donc j'avais pris cette décision."

Luis Ángel Gómez.jpg
gpploumelec.jpg

Grand Prix de Plumelec 2019

Nicolas Sessler avec le maillot Burgos BH 2018. Photo Luis Angel Gomez

itzulia.jpg

A l'avant sur le tour du Pays Basque en compagnie de Toms Skujins, José J. Rojas, Bruno Armirail, José Fernandes + Ben King, Julien Bernard et Garikoits Bravo.

2021 chez Global 6 Cycling

     En décembre 2020, n'ayant pas trouvé d'équipe UCI Européenne prête à l'accueillir cette année, Nicolas Sessler s'était fait à l'idée que sa carrière sur route était terminée. Mais il court pourtant toujours sur route en Europe aujourd'hui, dans la nouvelle équipe Continentale Global 6 Cycling, créée et en partie financée par le coureur Néo-Zélandais James Mitri, ancien Burgos BH et Vini Zabù. L'équipe a une licence néo-zélandaise mais est basée en Italie, le but est de permettre à la fois à de jeunes néo-zélandais et à des coureurs venus d'un peu partout dans le monde (le 6 représente les 6 continents) de courir en Europe. Parmi les coureurs qui marchent le mieux pour le moment, on retrouve le polonais Michal Paluta, le monégasque Antoine Berlin ou le néo-zélandais Ollie Jones. "En toute fin de saison, quand j'avais décidé de ne pas continuer, Mitri, le manager de Global 6 avec qui j'étais co-équipier chez Burgos, m'a appelé et m'a dit 'Nico, tu te rappelles qu'on parlait de peut-être un jour avoir une équipe, on va commencer le projet l'année prochaine, veux-tu venir et faire partie de l'équipe ?' Je lui ais directement dit 'Normalement James j'allais arrêter, mais oui pourquoi pas. Tant que tu me laisses libre de faire ce que j'aime, notamment un peu de VTT à côté, oui je suis partant.' C'est un peu comme ça que l'histoire a commencé pour cette saison." L'équipe a été lancée très tard et ça a été compliqué au début : "C'était une année vraiment compliquée pour créer une équipe. Quand James m'a appelé on était déjà en janvier et il n'avait pas encore les papiers, les assurances... C'était donc une année intense, mais lancer une équipe comme ça était un projet intéressant. J'ai pris beaucoup de plaisir car j'aide beaucoup dans la gestion de l'équipe, c'est une petite équipe mais où les athlètes donnent tout ce qu'ils peuvent sur la route et aussi en dehors. La saison a commencé sans beaucoup de sécurité, en mars on a débuté avec 2 courses en Italie et Slovénie, après on n'avait rien, on ne savait pas sur quelles courses on allait aller ensuite." L'équipe a dû attendre fin mai pour reprendre sur la Vuelta a Murcia, avant d'enchainer le Tour of Malopolska en Pologne et le Mont Ventoux Dénivelé Challenge, avec seulement un jour entre ces 2 courses. "On devait conduire les voitures, le matériel de l'équipe et les coureurs sur presque 2000 km en moins de 24h, mais on l'a fait et c'était bien. Petit à petit les choses avançaient, on a trouvé un directeur sportif Espagnol - Andres Sanchez - fixe qui nous aide dans l'organisation, on a des mécaniciens fixes, l'équipe commence à être structurée depuis fin mai / début juin." Le programme de course de l'équipe s'est aussi étoffé, avec en juillet le Tour du Sibiu qui "s'est vraiment bien passé, Antoine [Berlin] était dans le top 15 et on travaillait à fond pour lui", puis 2 classiques en Espagne : Villafranca de Ordizia où Michal Paluta a permis à l'équipe de réaliser un Top 10 et le circuit de Getxo. Antoine Berlin s'est à nouveau mis en évidence sur le Tour de Savoie Mont Blanc, puis l'équipe a participé à plusieurs courses importantes avec la Polynormande puis le Tour of Norway et en ce moment le Tour of Britain où ils sont la seule équipe Continentale non Britannique invitée. "On peut dire que pour nous la saison a vraiment commencé mi-juin. Je suis très content, ça se passe bien sur les courses et l'ambiance est vraiment super entre les coureurs et avec le staff. C'est la chose la plus importante pour avoir de bons résultats et que ça se passe bien." Il y a quelques jours, sur la deuxième étape du Tour of Britain, Nicolas s'est illustré dans l'échappée en compagnie de 4 puis 2 autres coureurs, avant d'être distancé à son tour par Robin Carpenter (Rally Cycling) qui s'est imposé en solitaire. Le surlendemain, il a à nouveau réussi à s'échapper, comme il l'avait fait sur la première étape du Tour de Norvège quelques semaines plus tôt et comme il le faisait déjà en tout début de saison au GP Adria Mobil. Sur le Tour of Britain, il a terminé 2ème du classement général de la montagne.

     Nicolas Sessler se sent vraiment très bien chez Global 6 Cycling et l'équipe semble aussi très satisfaite de son coureur brésilien, tout laisse donc à penser qu'il devrait encore courir dans l'équipe la saison prochaine, à condition bien sûr qu'elle continue à ce niveau. "Ce n'est pas sûr, mais pour le moment je crois que tout indique que l'équipe va continuer, mais c'est difficile d'être 100% sûr tant que ce n'est pas fait."

ExE28ALW8AEIuiR.jfif
238584792_4544240845609892_6142606363750747023_n.jpg

Echappé sur la première étape du Tour de Norvège 2021

236268073_4512489142118396_8252938771837624623_n.jpg

Tour de Savoie Mont Blanc 

La vision du cyclisme de Nicolas

     Nicolas Sessler a toujours été un coureur offensif, il l'était déjà lors de ses années amateures en Belgique et en Espagne, il avait par exemple impressionné avec un numéro en solitaire sur le Tour de Dordogne, l'une de ses toutes premières courses sur route. Depuis qu'il est passé professionnel avec Burgos BH, on le voir très souvent dans les échappées sur des courses plus importantes où il n'a aucune chance de gagner en restant dans le peloton. C'est la façon de courir qu'il préfère quand il n'a pas de leader capable de faire un bon résultat à protéger : "Je trouve beaucoup de plaisir à aider mes coéquipiers, et au niveau personnel j'aime beaucoup les échappées. Au sprint je ne vais jamais rien gagner donc ma manière de gagner est en attaquant, c'est ma façon de courir préférée."

     Nicolas a connu des moments difficiles, notamment en 2018, mais aujourd'hui il a retrouvé le plaisir à 100% et est très heureux au saint de l'équipe Global 6 Cycling. Il considère que c'est une chance incroyable de pouvoir exercer un tel métier, bien que ça entraine certains risques auxquels il a en partie été confronté lors de son passage chez Burgos BH : "Je crois que c'est un des plus beaux métiers au monde et c'est fantastique de faire de ta passion ton métier. Mais il y a aussi un gros risque : quand tu fais de ta passion ton travail, c'est très facile de perdre le plaisir, et il ne faut jamais le perdre." Nicolas a couru dans 5 continents différents depuis le début de sa carrière en VTT et pour lui le métier de coureur cycliste est aussi une incroyable opportunité de voyager et rencontrer des gens de cultures différentes. "J'ai vu ces dernières années que c'est une très belle vie où tu peux voyager et découvrir, rencontrer des gens et te faire des amis partout grâce au vélo, et ça c'est vraiment bien. Pour tout ce que j'ai dans ma vie je dois remercier le vélo, toutes les langues que je parle c'est grâce au vélo, si j'habite en Espagne et que je parle avec vous aujourd'hui c'est grâce au vélo. Je trouve que c'est une vie fantastique et on doit être heureux. Bien sûr, il y a des jours où il faut s'entrainer dans des conditions difficiles, aujourd'hui il fait 38 degrés et je devais aller rouler, mais oui j'ai fait 4 heures d'entrainement, un autre jour il va pleuvoir ou neiger mais ça fait aussi partie du travail. Il n'y a aucun travail dans le monde où il n'y a pas de moments difficiles, mais quand tu fais ce que tu aimes et que tu es heureux c'est l'important."  Nicolas Sessler adore partager son expérience et apprendre de l'expérience des autres. L'an dernier, lorsqu'il était coincé au Brésil, il en a profité pour se lancer dans plusieurs projets liés au cyclisme et a notamment lancé avec des amis un podcast en Portugais sur le cyclisme. "Avec le podcast Le Gregario, on parle de tout, on parle du cyclisme professionnel mais aussi de voyage, de vélo, d'entrainement, de belles histoires... tout ce qui concerne l'univers cycliste. C'est vraiment un apprentissage fantastique, car quand on fait des interviews ou des échanges, on peut apprendre et découvrir que tout le monde a une histoire intéressante, il est beau de voir qu'on peut faire beaucoup de choses avec le vélo, pas seulement le cyclisme professionnel, beaucoup plus de choses. Ca me donne beaucoup d'énergie et de motivation, je partage mon expérience avec le vélo mais j'apprends aussi beaucoup de celle des autres."

     Sans surprise, l'une des courses qu'il a préféré courir jusqu'à maintenant est bien sûr l'Itzulia Basque Country 2019 : "Le Tour du Pays Basque était spécial pour moi car c'est une course de très haut niveau. En plus, j'avais habité à Pampelune quand j'étais chez Lizarte et l'étape où j'étais échappé on était parti de Pampelune. Au Pays Basque il y a aussi beaucoup de passion pour le cyclisme, donc c'était une des plus belles courses que j'ai faites. Plus récemment, au Tour de Norvège j'ai vraiment été impressionné par le pays. Il y a d'autres courses que j'ai beaucoup aimé faire mais le Tour du Pays Basque et la Clasica San Sebastian étaient les plus spéciales." Désormais, le prochain grand objectif de Nicolas serait de participer à un grand tour ou aux Jeux Olympiques : "Une course qui me fait rêver c'est les Jeux Olympiques, être à Paris est un grand objectif. Et participer à un grand tour est aussi un objectif au niveau personnel."

200846653_4351483684885610_2683251803784308026_n.jpg
Ez2F4cjWQAI0hIy.jfif

Nicolas aime revenir au VTT

Avec son ancien équipier et ami Juan Felipe Osorio

Les problèmes et les espoirs du cyclisme brésiliens

     Comme l'a expliqué Nicolas Sessler en parlant de son parcours personnel, le vélo de route est beaucoup moins développé et populaire au Brésil que le VTT. Le cyclisme sur route est très souvent associé au dopage ce qui lui donne une mauvaise image, alors que le VTT est lui très développé depuis longtemps avec beaucoup d'équipes et de courses à travers le pays. D'après Nicolas, une des raisons pour lesquelles le VTT est historiquement plus développé que le vélo de route au Brésil se trouve dans le réseau routier d'une grande partie du pays : "Là où j'habite au Brésil, et tout autours de São Paulo et Rio de Janeiro, c'est très développé, ça ressemble vraiment à l'Europe, notamment en terme de structure des routes ; mais quand on va dans les zones plus intérieurs du Brésil, c'est vrai qu'il n'y a pas encore vraiment de structure, il y a parfois une seule route avec de mauvaises conditions pour les cyclistes et pas d'autres options, donc ce n'est pas vraiment sécurisé pour faire du vélo de route, alors qu'en VTT vous pouvez aller dans la nature, il y a beaucoup plus de possibilités et c'est pour ça aussi qu'il y a plus la culture du VTT je pense." Depuis que Nicolas a commencé, le VTT n'a cessé de devenir de plus en plus populaire au Brésil : "Le vélo a énormément grandi ces 10 ou 15 dernières années. Je me souviens que quand j'ai commencé, quand tu croisais un cycliste - un vrai cycliste pas quelqu'un se déplaçant simplement à vélo - tu le connaissais forcément car il n'y en avait pas beaucoup. Mais maintenant quand je rentre au Brésil je ne connais personne ! Le cyclisme a grandi de manière incroyable, si vous cherchez les chiffres de l'industrie du VTT, le Brésil un des plus grands marchés pour les grandes marques comme Cannondale, Specialized, Trek... Le vélo comme sport a beaucoup grandit au Brésil. Aussi sur la route : après la France, l'Etape du Tour au Brésil est la plus grande au monde, car ça plait à beaucoup de gens. Mais comme sport professionnel, pour le cyclisme sur route il n'y a rien : il n'y a pas de course, il n'y a pas d'équipes, pas de structures." Aujourd'hui le Brésil fait partie des grandes nations de VTT au niveau mondial, l'an dernier Henrique Avancini a terminé numéro 1 mondial en VTT cross-country. Sur la route, quelques coureurs ont eu une carrière au plus haut niveau, le plus récent est Murilo Fisher qui a couru 10 ans en première division jusqu'en 2016 (Liquigas, Garmin puis FDJ). Mais, tout comme Luciano Pagliarini ou Mauro Ribeiro (qui a passé l'essentiel de sa carrière dans l'équipe française R.M.O.) avant lui, Murilo Fischer n'a pas permis d'intéresser le public brésilien au cyclisme malgré sa participation à 13 Grands Tours dont 3 Tour de France : "Malheureusement non, à cette époque-là il n'y avait pas encore trop d'intérêt pour le vélo et les réseaux sociaux n'étaient pas très développés non plus. Ca a beaucoup changé ces 5 dernières années, Murilo a fini sa carrière en 2016 mais même moi je ne l'ai pas vu dans ses meilleurs années. Avant Murilo, on avait Mauro Ribeiro qui a quand même gagné sur le Tour de France et Paris Nice mais les gens ne le connaissaient pas. Mauro est plus connu car il a sa marque de vêtements cyclistes qui est une des meilleures marques aux Brésil, mais si tu demandes aux gens 'savez-vous que Mauro Ribeiro a été cycliste et a gagné une étape sur le Tour de France' ils répondent 'oh, non, c'est vrai ?'. Je crois que ces coureurs-là sont des sportifs qui ont réussis car ils avaient beaucoup de talent et de motivation mais ce n'est pas le fruit du système d'un pays avec une culture cycliste comme on le voit en France, en Espagne, en Belgique..." 

     En 2016, une équipe brésilienne, Funvic Soul Cycles, est enregistrée en tant qu'équipe Pro Continentale avec 17 coureurs dont 14 brésiliens (tous néos-pros). L'équipe restera 2 ans à ce niveau et s'illustrera avant tout, non pas par ses résultats, mais par ses affaires de dopages. En effet, durant ces 2 ans 5 coureurs sont suspendus pour dopage, entrainant aussi la suspension temporaire de l'équipe toute entière à 2 reprises ; à ce total on peut rajouter 3 autres suspensions de coureurs officialisées seulement début 2018 alors que l'équipe redescendait au niveau national. On peut donc supposer que la grande majorité de l'équipe avait recours au dopage, ce qui attriste fortement Nicolas Sessler. "Malheureusement ils pensaient que le cyclisme était comme ça, mais le cyclisme ce n'est pas ça, tu dois t'entrainer, tu dois bien manger, récupérer... mais il n'y a plus de place pour les pratiques de l'ère Armstrong. Ils ont détruit l'image du vélo de route comme sport professionnel." Ce passage de l'équipe Funvic n'a donc pas amélioré l'image du cyclisme sur route au Brésil, bien au contraire : "Les sponsors ne voulaient pas mettre d'argent dans le cyclisme sur route car ça a une image trop négative. D'un autre côté, il y a beaucoup de gens qui pratiquent le vélo : du triathlon, du VTT, mais seulement pour le plaisir de faire du vélo, pas en compétition." Et en plus de l'image du cyclisme au Brésil, ça a évidemment fortement impacté l'image du Brésil dans le cyclisme, rendant encore plus difficile pour les brésiliens de trouver des équipes en Europe : "Malheureusement oui, et je pense qu'aujourd'hui c'est l'une des choses qui rend très difficile pour un jeune brésilien de lancer sa carrière en Europe car les équipes européennes ont peur, et c'est la merde car si le cyclisme brésilien est comme ça c'est un peu de la faute de cette génération qui ont fait ces choses-là ; maintenant on doit payer pour l'individualisme et la stupidité de cette génération."

     Cette année, une seule équipe brésilienne est inscrite à l'UCI, il s'agit de l'équipe Memorial Santos-Saddledrunk, équipe Continentale féminine. Elle compte 15 coureuses dont 7 brésiliennes et court en Europe, basée en Belgique. L'équipe évolue au niveau UCI depuis 2019 (contrairement à Funvic elle n'a eu aucun problème de dopage jusqu'à maintenant), cette année c'est la seule équipe féminine sud-américaine enregistrée à l'UCI. Même si la pandémie a forcément un peu ralenti les choses, cette équipe devrait contribuer à aider de jeunes cyclistes brésiliennes à progresser, alors que les 3 principales coureuses qui représentaient le Brésil dans des UCI Women teams en Europe ces 15 dernières années viennent de terminer leurs carrières sur route en Europe (2 d'entre elles ont été contrôlées positives à l'EPO durant leur carrière). Côté masculin, 2 autres coureurs évoluent cette année au niveau Continental. Vitor Zucco Schizzi, brésilien qui a la particularité d'être né et de vivre aux Etats-Unis, court depuis l'an dernier dans l'équipe Irlandaise EvoPro ; cette année, il a terminé 33ème de la Volta a la Comunitat Valenciana. Cependant, il a déjà annoncé que 2021 serait sa dernière année en tant que cycliste professionnel puisqu'il mettra fin à sa carrière à l'issus de la saison, à l'âge de 24 ans. Alex Malacarne, 19 ans, court lui dans l'équipe Trinity Racing, mais bien qu'il participe à quelques courses sur route c'est un véritable spécialiste du VTT. Alex a terminé l'an dernier 6ème du classement mondial de VTT cross-country dans la catégorie Junior ; dans ce même classement mais côté féminin, Giulana Salvini Morgen a terminé 7ème. La relève est prête alors que l'ancien numéro 1 mondial dans la catégorie Elite, Henrique Avancini, pourrait mettre un terme à sa carrière à 32 ans. Pour revenir sur la route, 2 brésiliens, Victor Paula et David Kawah courent dans une équipe portugaise Junior et ont de très bons résultats sur les courses Junior espagnoles. Enfin, la sensation de cette saison 2021 est Vinicius Rangel, 20 ans, qui fait partie des quelques brésiliens à courir en Espagne. Cette année, après 2 ans (mais peu de courses en raison de la pandémie) dans la Valverde Team-Tierra Fecundis, il a rejoint l'équipe Telcom-On Clima-Osés Const et enchaine les très bonnes performances depuis son arrivée en Espagne au mois d'Août. Il a remporté recemment successivement la Vuelta a Cantabria et la Vuelta a Salamanca. Après une telle saison, il est probable de voir Vinicius Rangel intéresser les équipes professionnelles espagnoles, si elles ont confiance en lui. Vinicius Rangel est grimpeur, mais il a également une bonne pointe de vitesse et se débrouille très bien en contre la montre, ce qui est un vrai avantage face aux purs grimpeurs. Avant la pandémie de Covid-19, il avait déjà terminé 26ème de la Vuelta a San Juan 2020 et 30ème des championnats du monde Junior 2018 à Innsbruck en tant que Junior 1.

     "La qualité des athlètes au Brésil est très bonne, génétiquement il ne manque rien aux brésiliens par rapport aux colombiens, ce qu'il nous manque c'est la culture du cyclisme et les opportunités, c'est vraiment difficile pour qu'un enfant aille vers le vélo car il n'y a pas de structures. Mais de l'autre côté on a des jeunes comme Alex Malacarne ou Vinicius Rangel qui sont prometteurs. Dans des conditions un peu meilleures, il y a des qualités pour bien faire. Ce qu'on doit faire pour améliorer les choses, on y a déjà réfléchi, mais c'est difficile de trouver les bonnes solutions." Comment Nicolas Sessler voit-il le futur du cyclisme dans son pays ? "Pour être réaliste, plutôt comme en Argentine qu'en Colombie... peut-être qu'on pourrait avoir plusieurs coureurs en World Tour et ça pourrait beaucoup aider à donner plus de visibilité, mais c'est très difficile d'imaginer le Brésil comme une nation cycliste telle que la Colombie car la culture du sport n'existe pas chez les Brésiliens."

murilofischer_ciclismo_divulgacao.jpg

Murilo Fischer remporte le Trofeo Calvia/Maga 2011 devant Freire.

Henrique_Avancini.jpg

Henrique Avancini en 2018

99413205_838503803309190_460114301617700864_n.jpg

Alex Malacarne

221760785_225328286261141_6178419528402909136_n.jpg

Memorial Santos-Saddledrunk a une équipe féminine UCI, mais beaucoup plus au Brésil : route, VTT, piste, paracyclisme...

240586673_883168699297116_4820585599015463796_n.jpg
vinicius FC.PNG

Vinicius sur la Vuelta a Salamanca

Interview de Vinicius Rangel (mars 2021)

Un grand merci à Nicolas Sessler pour cette longue interview, nous lui souhaitons le meilleur pour la suite !

Suivre Nicolas Sessler :

  • 6XLPK1p7_400x400
  • Kj1QjPeb_400x400
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • nBs026xu_400x400

Nous suivre sur Twitter @PelotonMag :

Quelques uns de nos derniers articles :

bottom of page