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Jambaljamts Sainbayar

Son parcours pour devenir le premier cycliste Mongol courant dans une ProTeam européenne

Jambaljamts Sainbayar

A l'âge de 27 ans, Jambaljamts Sainbayar devient le premier coureur de Mongolie à courir pour une ProTeam : il rejoint l'équipe espagnole Burgos BH en 2024. Dans cet article, on vous raconte son parcours, de son enfance en Mongolie à sa signature avec Burgos BH, en passant par ses sorties par -20°C, ses expériences de VTT en Chine et de piste en Corée, ses premières victoires UCI sur route en Chine, les mois passés en Biélorussie chez un DS de son équipe à cause du Covid, sa pause forcée d'un an et demi suite à la pandémie, le fait de devenir l'un des tout meilleurs coureurs du circuit asiatique, de se montrer à l'avant sur les championnats du monde...

A travers de l'histoire de Jambaljamts Sainbayar, nous parlons également du cyclisme mongol en général et nous expliquons à quoi ressemblent les courses locales en Mongolie.
Pour écrire cet article, plusieurs personnes ayant rencontré Jambaljamts au cours de son parcours ont accepté de répondre à nos questions : Myagmarsuren Baasankhuu (coureur pour Ferei Quick-Panda Podium Mongolia et membre du premier club de Jambaljamts en Mongolie), Yahor Buben (ancien DS de Team Ferei - CNN chez qui a vécu avec Sainbayar pendant le confinement de 2020), Jeroen Meijers (coéquipier de Sainbayar chez Terengganu de 2021 à 2023) et Marcelino Pacheco Saelices (son agent de Gorama Cycling). Pour un premier article sur Jambaljamts que nous avions publié en 2020, nous avions également échangé avec deux autres membres du staff de l'équipe Ferei - CCN : Kirill Klimenkov et Antti Sizko. Nous avons aussi eu plusieurs occasions de poser des questions à Jambaljamts Sainbayar, en 2020 et plus tard, afin de mieux comprendre toutes les étapes de son parcours d'Oulan-Bator à Burgos. Quelques citations de Jambaljamts proviennent également d'interviews récentes dans d'autres médias (ce sera systématiquement précisé).
Cet article a été publié le 5 
janvier 2024.

Cycliste de Mongolie
1996 - 2010

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Jambaljamts Sainbayar, surnommé 'Jamba' et 'Elo', est né à Oulan-Bator en 1996.
"J'avais 3 ans quand j'ai fait du vélo pour la première fois, et j'ai commencé le cyclisme vers l'âge de 15 ans."

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En dehors de l'hiver, des courses sur route et VTT sont organisées chaque semaine en Mongolie   -  Photos : Mongolian Cycling Federation

Les courses en Mongolie sont principalement plates, mais le vent est souvent très fort.

Jambaljamts Sainbayar est né le 4 septembre 1996 à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie. Il est souvent surnommé 'Jamba', mais aussi 'Elo', un surnom qu'il a depuis son enfance. Aujourd'hui, il mesure 1m71 et pèse environ 60kg. Il est fils d'un militaire et d'une professeure d'anglais. "J'avais trois ans lorsque j'ai fait du vélo pour la première fois, se souvient-il, et j'ai commencé le cyclisme vers l'âge de quinze ans dans l'équipe sportive de mon école." La Mongolie est un vaste pays situé entre la Russie et la Chine. Avec une population de seulement 3,5 millions d'habitants, c'est le pays le moins densément peuplé du monde. La majeure partie de son territoire est couverte de steppes herbeuses, avec des montagnes au nord et à l'ouest et le désert de Gobi au sud. Aujourd'hui, le mongol s'écrit principalement avec l'alphabet cyrillique. Environ 25 % de la population mongole est encore nomade ou semi-nomade, mais au cours des dernières décennies, de nombreux éleveurs ont quitté la campagne pour rejoindre la capitale. Aujourd'hui, près de la moitié de la population du pays vit dans la capitale, Oulan-Bator. Il existe des équipes cyclistes locales dans d'autres régions de Mongolie, d'où sont originaires près de la moitié des cyclistes mongols, mais la plupart d'entre eux vivent et s'entraînent à Oulan-Bator. Oulan-Bator, située à 1350 m d'altitude, est la capitale la plus froide du monde. C'est aussi une ville très polluée. La Mongolie est un pays ensoleillé, sec et venteux, chaud en été mais extrêmement froid en hiver, avec des températures qui descendent régulièrement en dessous de -30°C, et une moyenne de -15°C entre novembre et mars. Pendant cette période, les cyclistes s'entraînent généralement à l'intérieur, sur home trainer, et les meilleurs coureurs vont souvent s'entraîner dans des pays chauds comme la Thaïlande. Par le passé, les championnats d'Asie de cyclisme se déroulaient souvent en janvier, février ou mars, ce qui empêchait une bonne préparation des coureurs mongols pour l'une des courses les plus importantes de l'année. Mais ces dernières années, l'événement a tendance à se dérouler plus tard dans l'année, ce qui est bien mieux pour la Mongolie. La lutte mongole est le principal sport du pays, le cyclisme n'est pas très populaire, mais il s'est un peu développé au cours des dix dernières années. Comme dans de nombreux pays du monde, le Tour de France est retransmis à la télévision chaque année, l'intérêt qu'il suscite a légèrement augmenté depuis 2015. Aucune course internationale n'est organisée en Mongolie, mais le nombre de compétitions nationales augmente, et il y a au moins une course route ou VTT chaque semaine à partir du printemps. Les embouteillages dans la capitale ont eux contribué au développement du vélo comme moyen de transport. La Mongolian Cycling Federation fait du bon travail pour développer le sport cycliste en Mongolie. Mais l'histoire du cyclisme mongol est ancienne : la Mongolie a participé aux Jeux olympiques en 1964, 1980, 1992 et 1996 (à l'époque, la course cycliste était réservée aux amateurs). Le meilleur coureur en 1964 était Yanjingiin Baatar, qui, comme beaucoup d'anciens cyclistes en Mongolie, est ensuite devenu entraîneur. Aujourd'hui, Yanjingiin Baatar, âgé de 83 ans, est l'entraîneur de l'équipe nationale féminine Junior. Jamsran Ulzii-Orshikh, plus connu sous le nom d'Oggi, a été l'un des meilleurs cyclistes mongols. Oggi a fait très bonne impression aux Jeux olympiques de 1992, et il avait ensuite signé un contrat pour rejoindre la grande équipe italienne Gatorade (l'équipe de Gianni Bugno), mais les dirigeants de la Mongolie de l'époque l'avaient empêché d'aller courir en Italie. Dans les années 2000, Oggi a couru au niveau continental avec Giant Asia et Marco Polo Team. Vous pouvez lire son histoire dans cet article. Il est ensuite devenu entraîneur et a créé son propre club en Mongolie. Malheureusement, il est décédé dans un accident de voiture en 2019. Il était "le visage du cyclisme mongol " comme nous l'avait dit Jambaljamts, et une personne très respectée dans tout le cyclisme asiatique. Un autre mentor pour de nombreux jeunes cyclistes mongols est Tuulkhangai Tuguldur, 38 ans. Ancien coureur, Tuulkhangai est le coach de l'équipe militaire mongole où évolue Jambaljamts et il travaille également pour l'équipe nationale. En 2013, Enkhjargal Tuvshinjargal a remporté le chrono Elite Femmes aux championnats asiatiques de cyclisme à New Delhi, c'était la première médaille d'or mongole sur cette compétition. En 2016, Tegshbayar Batsaikhan a remporté une médaille d'or aux championnats du monde Junior de piste. À la fin des années 2010, Maral-Erdene Batmunkh était le meilleur cycliste mongol, remportant plusieurs victoires dans les courses de l'Asia Tour. Les coureurs mongols sont surtout connus pour leurs performances sur route, mais la plupart d'entre eux ont également pratiqué le VTT, et c'est souvent par ça qu'ils ont commencé à faire du vélo en Mongolie. En 2009, des coureurs mongols avaient participé au calendrier belge de cyclo-cross, grâce à un programme lancé par Johan Museeuw. Vers 2015, la Fédération Cycliste Mongole a lancé des programmes de piste et de BMX. Aucun vélodrome n'a été construit à Oulan-Bator, mais il y a aujourd'hui des installations pour que les jeunes puissent pratiquer le BMX. Sur route, de nombreux coureurs mongols courent pour des équipes continentales ou amateurs étrangères, et l'équipe nationale mongole offre également des opportunités, avec les championnats d'Asie ainsi que de nombreuses courses par étapes asiatiques pour les Elites Hommes. En 2022, la fédération a contribué à la création d'une équipe continentale nommée "Ferei Mongolia Development Team" courant en Turquie et en Asie (le programme de course était réduit en raison de la pandémie de COVID). En 2024, l'équipe s'appellera Ferei Quick-Panda Podium Mongolia Team, et devrait recruter des coureurs estoniens expérimentés, avec probablement Martin Laas, Mihkel Räim, Gleb Karpenko et Oskar Nisu. Le calendrier de l'équipe devrait donc être élargi avec de bons sprinteurs comme Laas et Raïm. Myagmarsuren Baasankhuu, dit 'Miga', lui-même coureur de l'équipe, nous a expliqué qu'il s'agit de "la première équipe semi-professionnelle en Mongolie, donc le premier objectif est de devenir une équipe reconnue sur le continent asiatique. Nous souhaitons apprendre des athlètes estoniens et progresser pas à pas". Outre les huit Mongols qui courent pour Ferei Quick-Panda Podium Mongolia en 2024 et Jambaljamts Sainbayar, Tegshbayar Batsaikhan court pour Roojai Online Insurance (équipe Conti thaïlandaise), Maral-Erdene Batmunkh court pour Nusantara Cycling (équipe Conti indonésienne), Bold Iderbold court pour SCOM - Taishan Sport Team (équipe Conti chinoise) et Bolor-Erdene Enkhtaivan court pour Levante Fuji Shizuoka (équipe Conti japonaise). En Mongolie, les entraînements sur route sont très difficiles en hiver à cause du froid, mais les conditions ne sont pas forcément idéales le reste de l'année non plus, à cause du faible nombre de routes goudronnées en bon état en dehors des villes et du trafic automobile. Il y a quelques petites montées, mais pas de route de montagne, les courses locales sont donc généralement assez plates avec très peu de virages. Cependant, le vent est presque toujours très fort et joue un rôle majeur sur les courses. Les contre la montre individuels et par équipe sont longs et assez fréquents, et il n'est pas rare que le vent fasse de tels dégâts que certaines étapes en ligne ressemblent aussi à des contre-la-montre. Il y a un bon nombre de clubs cyclistes dans le pays, mais certains d'entre eux ont de meilleurs coureurs et il y a souvent des équipes sur-représentées en tête dès que la course se décante.

L'arrivée dans son premier club cycliste
2011 - 2012

"Dans mes premières années, je roulais tous les jours à l'extérieur. Je ne ressentais pas tant le froid, je portais 2 ou 3 vestes et 2 ou 3 pantalons"

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Cyclistes mongols s'entrainant à l'exterieur en mars 2022 (-28°C)  -  Maral-Erdene Batmunkh

Lorsque Jambaljamts Sainbayar rejoint Attila Cycling Club en 2011, "je voyais en lui un jeune petit guerrier", se souvient Myagmarsuren Baasankhuu.

Les coureurs du Shiliin Bogd Club (dont Tegshbayar Batsaikhan) s'entraînent par -18°C en janvier 2018, en vue des Championnats d'Asie.

Jambaljamts Sainbayar a vraiment commencé le cyclisme en 2011, à l'âge de 15 ans : un de ses amis faisait du vélo et a motivé Jamba à rejoindre la section sportive de son école. Jambaljamts a tout de suite aimé le cyclisme et a rapidement rejoint une équipe : Attila cycling club, l'un des principaux clubs locaux en Mongolie, sponsorisé par la marque de vélo d'Oulan-Bator 'Attila'. Il a participé aux courses locales mongoles avec ce club jusqu'en 2016, date à laquelle il est passé dans la Military Aldar Cycling Team, qu'il représente encore aujourd'hui. Au cours de ses premières années, Jambaljamts Sainbayar n'avait pas peur de faire du vélo malgré le froid ou la neige, beaucoup de gens le prenaient alors pour un fou. "Dans mes premières années, je roulais dehors tous les jours, explique-t-il dans une interview accordée à ciclismo.it. Je ne ressentais pas tant le froid à l'époque, je portais 2-3 vestes, 2-3 pantalons et je prenais mon VTT, tous les jours, aussi bien après l'école que le matin pour y aller. Je partais de chez moi à 7 heures car je commençais à 8 heures : il faisait très sombre et ce n'était pas très agréable, mais je faisais du vélo et ça m'allait." Aujourd'hui, il est plus raisonnable et lorsqu'il est en Mongolie pendant l'hiver très froid, il s'entraîne presque uniquement sur son home-trainer. Myagmarsuren Baasankhuu, surnommé "Miga", champion de Mongolie 2016, aujourd'hui âgé de 32 ans et membre de l'équipe continentale Ferei Mongolia, se souvient de la première fois que Jamba a rejoint le club cycliste Attila : "Je voyais en lui un jeune petit guerrier". Aujourd'hui, ils se connaissent bien, "nous avons créé beaucoup de belles histoires ensemble, il a toujours été avec moi dans les moments difficiles. Je garde des souvenirs particuliers de toutes mes courses avec lui". Myagmarsuren décrit Jamaljamts comme quelqu'un qui "n'abandonne pas, a un vrai esprit guerrier, est courageux et déterminé". Jambaljamts Sainbayar est également connu pour être quelqu'un qui reste toujours positif et souriant. Après avoir commencé le cyclisme en 2011, il a consacré une grande partie de sa vie à sa passion, passant la majeure partie du temps loin de son pays, à la fois pendant les compétitions et les périodes d'entraînement dans les pays chauds (lorsque c'était possible). C'est un aspect compliqué de la vie de tous les coureurs cyclistes non européens qui ne rentrent que rarement chez eux, mais Jambaljamts s'en accommode et est heureux de pouvoir vivre une vie de cycliste professionnel. Il a suivi des études de professeur d'éducation physique de 2014 à 2021, ce qui lui a pris 7 ans au lieu de 4, mais c'était important pour lui de les terminer. Aujourd'hui, le coureur préféré de Jambaljamts est Julian Alaphilippe, car il aime le fait qu'il soit exubérant et fun, plus tôt dans sa carrière, c'était Alberto Contador et Richie Porte.

Les années Junior : premiers voyages internationaux
2013 - 2014

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Une course VTT en 2013, durant le premier voyage en Chine de Jambaljamts Sainbyar.

En 2014, il participe aux championnats du monde Junior sur piste en Corée du Sud, après une préparation au satellite du Centre Mondial du Cyclisme.

En 2013, sa première année Junior, Jambaljamts s'est rendu en Chine pour participer à un camp d'entraînement de trois mois, c'était son premier voyage à l'étranger. "Ce training camp m'a beaucoup fait progresser et j'ai participé à quelques courses de VTT cross-country là-bas." Il a notamment participé aux championnats d'Asie Junior de VTT. En 2014, Jambaljamts Sainbayar a couru avec l'équipe nationale de Mongolie Junior, en commençant par les championnats d'Asie sur route qui se déroulaient à Astana, au Kazakhstan. C'est à cette époque qu'il réalise la possibilité de devenir un jour cycliste professionnel, et cela devient son objectif dans le cyclisme. De fin juin à septembre 2014, il se rend en Corée du Sud pour s'entraîner au satellite du Centre Mondial du Cyclisme de l'UCI à Séoul. L'UCI World Cycling Centre, basé en Suisse, a pour objectif de soutenir la mondialisation du cyclisme, en aidant les jeunes coureurs et le staff des petits pays cyclistes à progresser. En plus de sa base principale à Aigle, en Suisse, le CMC (ou WCC) compte aujourd'hui huit centres satellites à travers le monde où des stages sont régulièrement organisés pour les coureurs de la région, mais aussi pour les entraîneurs, les mécaniciens, les juges... Certains d'entre eux peuvent ensuite être sélectionnés pour se rendre en Suisse. Le CMC Corée a ouvert ses portes en 2013. A la fin de son séjour à Séoul, Jambaljamts a participé à son premier grand événement : les Championnats du monde Juniors sur piste. N'ayant pas de vélodrome en Mongolie, la piste ne faisait pas partie de la culture cycliste mongole. Cependant, deux ans plus tard, l'une des plus grandes performances de l'histoire du cyclisme mongol allait se dérouler sur la piste : Tegshbayar Batsaikhan, qui faisait partie de l'équipe du Centre Mondial du Cyclisme UCI en Suisse, a remporté la course scratch des Championnats du Monde Junior.

Quelques courses UCI avec l'équipe nationale et beaucoup de courses amateurs en Chine
2015 - 2017

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En Chine avec la Team Panda durant l'été 2017

Jambaljamts Sainbayar a obtenu de nombreux bons résultats et victoires dans les courses amateurs chinoises sur route et en VTT.

En 2015, 2016 et 2017, Jambaljamts Sainbayar a participé à beaucoup de courses non-UCI en Chine, à la fois sur route et en VTT. Il a obtenu de nombreux bons résultats et victoires. La Chine est connue pour accueillir de nombreuses courses cyclistes à travers le pays (toutes annulées en 2020, 2021 et 2022 en raison de la pandémie de COVID-19). Les courses chinoises ont généralement des gros budgets : elles sont bien organisées et offrent des primes élevés. Cependant, certaines d'entre elles sont également connues pour avoir de très longs transferts entre les étapes, ce qui peut parfois les rendre épuisantes. La Chine compte une course World Tour (Gree-Tour of Guangxi), de nombreuses courses par étapes 2.Pro, 2.1 et 2.2 attirant les meilleures équipes continentales et des ProTeams, mais il y a aussi énormément de courses non-UCI auxquelles des équipes de Chine, de divers pays asiatiques, mais aussi d'autres continents participent. Le niveau de ces courses amateurs est très variable, mais il peut être élevé lorsque les prize money sont importants et attirent certaines des meilleurs équipes Continentales Durant cette période, Jambaljamts a aussi roulé avec l'équipe nationale de Mongolie. Il a participé au Tour of Iran en 2015 et 2016 (à cette époque, les meilleurs coureurs iraniens avaient mauvaise réputation, plusieurs coureurs sur le podium final de ces éditions du Tour of Iran ont ensuite été suspendus pour dopage). En 2016 et 2017, il a commencé la saison avec une 14e place sur la course en ligne U23 des Championnats d'Asie. Il a également terminé 4ème de la course en ligne Elite des championnats nationaux de Mongolie en 2016. En septembre 2017, il termine 8ème au classement général et vainqueur du maillot de meilleur grimpeur du Tour of Poyang Lake, sous le maillot du club chinois TJ Sport Panda. Le Tour of Poyang Lake est la course amateur la plus connue en Chine, longue de onze jours, remportée cette année là par Nikodemus Holler (BikeAid) avec deux victoires d'étape du jeune Kaden Groves. Après ce bon résultat, Jamba a pu participer début décembre à l'UCI 2.2 Tour of Quanzhou Bay avec l'équipe RTS - Monton Racing Team, une équipe continentale basée à Taiwan. Il avait déjà participé à des courses amateurs pour RTS avec Tugurdur Tuulkhangai (son entraîneur de l'équipe militaire mongole), mais c'était sa première course UCI avec ce maillot. Il s'est classé 10ème d'un sprint massif et 13ème de l'étape reine.

Coureur pour l'équipe Continentale taïwanaise RTS - Monton Racing
2018

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Course en Chine avec le maillot de l'équipe RTS

Après ses bonnes performances de fin 2017, Sainbayar a rejoint l'équipe RTS - Monton Continental Team pour une saison complète en 2018. Il a d'abord commencé l'année en Indonésie avec son équipe nationale, pour préparer les Championnats d'Asie. Il a été très actif dans les échappées lors du Tour of Indonesia (UCI 2.2) en janvier et a terminé 23ème au classement général. Ensuite, il s'est rendu au Myanmar ( Birmanie) où il a obtenu une médaille de bronze sur la course en ligne Espoir des Championnats d'Asie, battu par le Japonais Masaki Yamamoto et l'Iranien Mohammad Ganjkhanlou. Plus tard dans l'année, il est devenu champion de Mongolie Espoir et a participé à toutes les courses sur route et sur piste des Jeux asiatiques de Jakarta, en Indonésie. Il s'est également rendu en Autriche pour participer aux Championnats du monde Espoir, il a participé au chrono et à la course en ligne qu'il n'a pas terminé, sur le parcours très difficile d'Innsbruck. Avec RTS - Monton, il a remporté de nouvelles victoires sur des courses non UCI en Chine et a participé à trois courses par étapes avec de nombreuses équipes Continentales Pro au départ : le Tour of Taiwan (UCI 2.1) en mars, le Tour of Taihu Lake (UCI 2.1) en octobre (c'était la première fois que Jamba courait contre sa future équipe Burgos BH), suivi du Tour of Hainan (UCI 2.Pro). Sur le Tour of Hainan, Jambaljamts Sainbayar passait pour la première fois à la télévision en Europe, puisque la course était diffusée en direct sur Eurosport. Après neuf étapes difficiles en plaine et en moyenne montagne, il a terminé 24ème du classement général, à 4 minutes de Fausto Masnada et Gino Mäder. Son meilleur résultat dans une étape a été la 15ème place lors d'un sprint massif remporté par Jakub Mareczko. Ensuite, Jambaljamts a pris la 5ème place de l'étape reine du Tour of Quanzhou Bay (UCI 2.2), mais ses coéquipiers et lui n'ont pas pris le départ de l'étape suivante pour protester contre le patron de l'équipe (il avait une très mauvaise réputation, c'était la deuxième 'grève' de ses coureur en 2018). L'équipe RTS - Monton a fermé ses portes fin 2018 ; Jambaljamts a terminé la saison avec quelques courses non-UCI avec les équipes Panda (en Chine) et Roojai (en Thaïlande), obtenant quelques podiums et victoires supplémentaires.

Signature pour Ferei Pro Cycling, une équipe Conti basée en Ukraine et en Biélorussie
2019

Ferei Pro Cycling, nommée ensuite Ferei - CCN, était une équipe Continentale qui courait en Europe de l'Est et en Chine, avec des coureurs venant principalement de Biélorussie, d'Ukraine et de Mongolie.

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Jambaljamts Sainbayar avec le maillot 2020 de Ferei - CCN  -  visuel de Sazee

"Jamba est l'un des coureurs les plus intéressants que je connaisse. Il essaie toujours d'attaquer et il est très polyvalent. C'est quelqu'un d'ouvert d'esprit et d'intelligent, et c'est aussi un gars drôle". Kirill Klimenkov, manager de Ferei Pro Cycling.

Echappée sur le Tour of Fuzhou 2019

Après avoir disputé les championnats d'Asie sur route et sur piste, ainsi que quelques courses amateurs en Asie en tant que 'guest rider' début 2019 - dont un podium au Tour of Phuket en Thaïlande avec l'équipe Roojai - Jambaljamts Sainbayar a officiellement signé avec Ferei Pro Cycling en mai, avant la longue période des courses à étapes UCI chinoises. Ferei Pro Cycling était une nouvelle équipe Continentale, avec un budget plutôt modeste, enregistrée en Ukraine, avec aussi des racines en Biélorussie et en Chine. L'équipe a ensuite été renommée Ferei - CNN et a été enregistrée en Biélorussie en 2020. Elle a disparu après le début de la guerre en Ukraine en 2021, en raison de la suspension de toutes les équipes enregistrées en Russie ou Biélorussie. Certains anciens membres du staff de l'équipe Ferei dirigent aujourd'hui CCN Factory Racing, une équipe géorgienne non UCI. Xiaoyang Chen, plus connu sous le nom de Tommy Chen, est l'une des personnes ayant contribué à la création de Ferei Pro Cycling. Tommy Chen est un ancien coureur chinois de 37 ans devenu manager d'équipe. Il était le propriétaire de l'équipe locale chinoise Panda, pour laquelle de nombreux Mongols ont couru, notamment Jambaljamts. Aujourd'hui, Tommy Chen est le manager de l'équipe Conti mongole Ferei Quick-Panda Podium Mongolia. Il faut noter que Ferei (marque chinoise d'équipement d'éclairage) et CCN (marque de vêtement de cyclisme basée à Hong Kong) sponsorisent chacune plusieurs équipes Conti à travers le monde. Le Biélorusse Kirill Klimenkov, manager de Ferei Pro Cycling en 2019-2020, nous avait expliqué comment ils avaient recruté quatre coureurs mongols (dont Jambaljamts Sainbayar et Tegshbayar Batsaikhan) en plus des Ukrainiens et des Biélorusses : "Tommy Chen invitait souvent des coureurs mongols dans son équipe, ils étaient les grands favoris des courses non-UCI en Asie. De plus, nos DS Antti et Anatoli Sizko savaient que le niveau de ces coureurs était très bon. Ainsi, lorsque nous avons décidé d'inscrire Ferei en tant qu'équipe Continentale UCI, Tommy Chen a invité 4 Mongols. Et ils n'ont pas déçu..." En 2019, Ferei Pro Cycling a fait quelques courses en Europe de l'Est avec ses coureurs européens, et a beaucoup couru en Chine à partir d'avril, avec près de 30 jours de course UCI ainsi que beaucoup de courses amateurs. En 2020, le manager de l'équipe, Kirill Klimenkov, nous avait parlé de son meilleur coureur : "Jamba est l'un des coureurs les plus intéressants que je connaisse. C'est un super coureur, qui essaie toujours d'attaquer. Il est aussi très polyvalent : Jamba peut grimper, il peut sprinter, il est très bon puncher et il se débrouille assez bien en chrono. C'est une personne ouverte d'esprit et intelligente, très responsable et qui ne se plaint jamais. Et en plus c'est un gars drôle." Son DS finlandais Antti Sizko était du même avis : "Je pense que c'est quelqu'un de vraiment humble, il a le bon état d'esprit et l'éthique pour devenir un bon coureur. En tant que coureur il est très complet, il gagne un maillot des sprints et quelques jours plus tard, il porte un maillot de la grimpeur. Il peut donc tout faire." Aujourd'hui, Antti Sizko considère encore que Jambaljamts est l'une des personnes les plus sympathiques qu'il ait jamais rencontrées.

De bons résultats en Chine avec Ferei, dont sa première victoire UCI
Mai - Décembre 2019

Après Top10 de classement général, maillots de sprints et de la montagne, Jambaljamts Sainbayar termine le bloc de courses par étapes UCI chinoises par une victoire lors de l'arrivée au sommet du Tour of Fuzhou.

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Jambaljamts Sainbayar obtient sa première victoire pro sur l'étape 6 du Tour of Fuzhou 2019, devant Carlos Quintero, Artur Fedosseyev et Xianjing Lyu.

Sainbayar a commencé les courses UCI et amateurs en Chine avec Ferei au mois de mai. En juin, Jambaljamts est revenu en Mongolie et a terminé deuxième de son championnat national, battu par son coéquipier Narankhuu Bat-Erdene. Ensuite, septembre a été un mois important pour lui avec trois courses par étapes UCI auxquelles participaient les meilleures équipes Continentales asiatiques et quelques Pro Teams européennes. Il a confirmé qu'il était un coureur complet, avec un tempérament très offensif. Il a remporté le classement par points au Tour of Xingtai après une deuxième place sur la deuxième étape, puis a porté le maillot des grimpeurs au Tour of China I (qu'il a perdu le dernier jour), et s'est classé septième au classement général du Tour of China II (course remportée par Xianjing Lyu de Hengxiang devant Jose Neves de Burgos et Kevin Rivera d'Androni). Après avoir "constamment progressé course après course", selon son directeur sportif Antti Sizko, Jamba a obtenu son plus grand résultat fin novembre, en remportant l'étape reine du Tour of Fuzhou (UCI 2.1). L'arrivée se situait au sommet d'une longue montée et, à un kilomètre de l'arrivée, il a attaqué dans le petit groupe de favoris comprenant Artur Fedosseyev, Xianjing Lyu, Carlos Quintero, Max Stedman, Lucas De Rossi, Michael Vink.... Aucun d'entre eux n'a pu le rattraper : Sainbayar a réussi à résister jusqu'à l'arrivée, levant les bras à travers le brouillard. "J'étais sûr de faire un bon résultat dans cette étape, j'étais en bonne forme après une longue saison, et mes coéquipiers m'ont beaucoup aidé ce jour-là", nous avait-il confié. Il a terminé 8ème au classement général final de ce Tour de Fuzhou, sa dernière course UCI avec l'équipe Ferei. Il a clôturé sa saison en décembre avec deux autres courses par étapes en tant que coureur invité au sein d'équipes amateurs : il a terminé 6ème du Tour of Chiangrai en Thaïlande avec Roojai (une équipe non-UCI à l'époque, qui est maintenant devenue une grosse équipe Conti) et était au départ du Tour of Selangor (UCI 2.2) en Malaisie qu'il a dû quitter après avoir terminé 8ème de la première étape, car il est interdit de participer à une course UCI pour une équipe amateur lorsque l'on est officiellement membre d'une équipe Continentale. La saison 2020 était la meilleure de la carrière de Jambaljamts jusque ici. En plus de ses capacités sur différents profils, il avait montré qu'il était un véritable spécialiste des échappées. À ce moment-là, Kirill Klimenkov estimait que "les résultats de Sainbayar sont vraiment impressionnants et son potentiel est extrêmement élevé. Il est encore jeune et manque d'expérience, mais il se court contre de solides coureurs européens en Chine et les bat souvent". Antti Sizko se disait "confiant que nous entendrons parler de lui, ce n'est que le début pour Jamba et l'essor du cyclisme mongol en général".

Pandémie de Covid, pas d'équipe... un an et demi sans course
2020 - mai 2021

Il avait de très bonnes offres d'équipes chinoises, mais a choisi de signer un nouveau contrat avec Ferei - CCN, car il aurait dû faire quelques courses en Europe avec eux.

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Peu de temps avant le confinnement : Kirill Klimenkov (manager de Ferei - CCN, à gauche), Yahor Buben (DS), 5 des coureurs biélorusses de Ferei (désormais tous retraités) et Jambaljamts Sainbayar (à droite).

En raison de la pandémie de Covid, Jambaljamts Sainbayar a dû vivre plus de 5 mois à Minsk avec Yahor Buben, l'un des directeurs sportifs de l'équipe Ferei - CCN.

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Dans la campagne près de Minsk  -  Yahor Buben

"Vivre ensemble m'a permis de voir une autre facette de lui. En tant que coureur, sa passion pour le cyclisme et son instinct offensif étaient impressionnants. Sur le plan personnel, il s'est montré humble, organisé et gentil". Yahor Buben

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Jamba avec Vasil Kiryienka, l'une des légendes du cyclisme biélorusse  -  Peloton.BY

En Europe, les courses ont progressivement repris à partir d'août 2020, mais ce fut beaucoup plus long en Asie : la première véritable course internationale post-Covid a eu lieu en décembre 2021... En 2023, l'Asia Tour n'était pas encore revenu au niveau de 2019.

Jambaljamts Sainbayar a passé la deuxième partie de l'hiver 2020 en Thaïlande, une nouvelle occasion de participer aux courses locales avec l'équipe Roojai : il a remporté le Tour de Phuket. Après sa très bonne saison 2019 avec Ferei, il intéressait les principales équipes Continentales chinoises, il a eu de très bonnes offres mais a finalement choisi de rester avec Ferei Pro Cycling. "Oui, j'ai eu de bonnes offres d'équipes chinoises mais mon objectif était de courir en Europe, et je souhaitais aussi rester avec mes anciens coéquipiers que je connaissais bien, nous avait-il dit en 2020. Je voulais courir en Europe et le calendrier de Ferei était censé être très bien cette année. Malheureusement, la pandémie a tout rendu très compliqué." En 2020 Ferei - CCN a changé de licence, passant de l'Ukraine à la Biélorussie. L'équipe aurait dû courir à nouveau en Asie, principalement en Chine, mais elle avait également reçu des invitations pour des courses UCI en Roumanie, Pologne, Bulgarie... Au début du mois de mars, alors que la COVID se répandait déjà en Asie mais n'était pas encore une préoccupation majeure en Europe, Jambaljamts s'est rendu à Minsk, la capitale de la Biélorussie. Les Championnats d'Asia ayant été annulés, il aurait dû rester trois mois, disputant quelques courses locales en Biélorussie, puis un premier bloc de courses UCI en Russie, en Ukraine et en Biélorussie. Mais en l'espace de quelques semaines, toute l'Europe a été gravement touchée par la pandémie de Covid-19, toutes les épreuves ont été annulées et des confinements ont été mis en place. Jambaljamts Sainbayar est alors resté plus de cinq mois en Biélorussie. Pendant cette longue période, il a vécu avec Yahor Buben, l'un des directeurs sportifs de son équipe, qui avait un appartement à Minsk. Jamba connaissait quelques mots de russe, mais parlait principalement anglais avec Yahor. Pendant cette longue période, il a passé beaucoup de temps à cuisiner. Lorsque c'était possible, ils partaient aussi se promener en dehors de la ville. "Jamba était un colocataire fantastique qui aimait cuisiner, se souvient Yahor Buben. Malgré la situation difficile d'être loin de chez soi et l'absence de courses internationales pendant cette période, il a su rester discipliné, tant physiquement que mentalement. Le fait de vivre ensemble m'a permis de voir une autre facette de lui. En tant que coureur, sa passion pour le cyclisme et son instinct offensif étaient impressionnants. Sur le plan personnel, il s'est montré humble, organisé et gentil". Au cours de l'été, les restrictions ont été allégées en Biélorussie et les premières courses locales ont vite repris. Sainbayar les a courues pour retrouver la forme après des mois passés quasiment sans s'entrainer, mais il manquait de rythme. Si à plusieurs reprises par le passé des coureurs étrangers de l'équipe Minsk, la plus grosse équipe biélorusse, avaient été autorisés à participer au championnat national (sans être compté dans le classement, juste pour aider leurs coéquipiers), la demande de Ferei pour que Jambaljamts participe en 2020 a été rejetée par la fédération, et il a donc été simple spectateur de la course remportée par Yauhen Sobal grâce au surnombre de son équipe Minsk qui a piégé le coureur WorldTour Alexandr Riabushenko. Cette longue période loin de chez lui, sans course internationale ni salaire, mais surtout sans savoir combien de temps cela aller durer, a été difficile à vivre pour Jambaljamts. Yahor Buben confirme : "Je pense que c'était l'une des périodes les plus dures de la vie de Jamba. Physiquement et émotionnellement, faire face à de nombreux facteurs inconnus tout en étant loin de chez lui et sans le soutien de ses amis et de sa famille a été extrêmement compliqué pour lui". En août, après cinq longs mois, Jambaljamts a finalement réussi à obtenir un billet d'avion pour retourner à Oulan-Bator, où il a dû passer quelques semaines en isolement avant de pouvoir revoir sa famille. La semaine suivante, les championnats nationaux de Mongolie avaient lieu, remportés par Maral-Erdene Batmunkh ; Jambaljamts était complètement hors de forme et a essayé d'aider ses coéquipiers. Il est important de noter que si les courses sont progressivement revenues dès août 2020 en Europe, ça a été beaucoup plus long en Asie : la première véritable course internationale asiatique post-Covid a été le Tour de Thaïlande 2021, en décembre 2021. Même en 2023, le nombre et le niveau des courses de l'Asia Tour n'était pas encore tout à fait revenu au niveau de 2019. Le cyclisme asiatique a été de loin le plus touché par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Le programme de course de Ferei - CCN était très incertain pour 2021 (ils n'ont participé qu'à deux courses UCI : Tour of Estonia et Five rings of Moscow), et Sainbayar a donc cherché une autre équipe. Son objectif étant toujours de pouvoir courir un jour en World Tour, il a essayé de trouver une équipe européenne, mais aucune n'a montré d'intérêt par le coureur mongol. Il a donc accepté de rejoindre une nouvelle équipe Continentale mongole créée avec la Mongolian Cycling Federation. Mais la création de l'équipe a finalement été reportée de 2021 à 2022 (elle s'appellerait Ferei Mongolia Team) et Sainbayar s'est alors retrouvé sans rien début 2021.

Rejoindre la meilleure équipe Continentale asiatique
juin - juillet - août 2021

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Sur l'une de ses premières courses avec l'équipe malaisienne Terengganu  -  Sharon Jane Liau

En juillet, Sainbayar a participé à six courses 1.2 en Turquie aux profils différents, pour sa nouvelle équipe Terengganu. Ses résultats sur les quatre premières courses d'un jour : 2ème, 1er, 2ème, 2ème.

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Jambaljamts Sainbayar remporte le sprint en cote du Kahramanmaraş Grand Prix. Son nouvel équipier Metkel Eyob termine 2ème.  -  Sharon Jane Liau

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Comme toujours, le vent a joué un rôle très important sur le Tour de Mongolie 2021

Jambaljamts Sainbayar n'avait pas d'équipe pour la saison 2021, et il ne pouvait pas courir en dehors de Mongolie avec une équipe amateur ou une petite équipe Conti puisque toutes les courses asiatiques continuaient d'être annulées, reportées ou réservées aux coureurs locaux. Cependant, en juin, il a eu l'opportunité de rejoindre Terengganu Cycling Team, car l'un de ses leaders - le Colombien Carlos Quintero - prenait sa retraite à la mi-saison. L'équipe Terengganu (également appelée TSG) était l'une des meilleures équipes asiatiques et l'une des seules à courir en dehors de l'Asia Tour, principalement en Turquie. Une majorité de ses coureurs sont originaires de Malaisie (Terengganu est l'un des États fédéraux de Malaisie), mais l'équipe compte également de solides coureurs étrangers venus du monde entier. Terengganu offre normalement un bon programme de course et un bon soutien à ses coureurs, ainsi que de très bons salaires. L'un des meilleurs baroudeurs mongols, Maral-Erdene Batmunkh, a couru pour TSG de 2016 à 2020. Jambaljamts était très heureux de rejoindre Terengganu à partir du 1er juin et était impatient de reprendre la compétition, débutant en Turquie début juillet. Avant de s'envoler pour la Turquie et rencontrer ses nouveaux coéquipiers, il a participé à ses championnats nationaux, qui ne se sont pas très bien passés : il n'avait pas de vélo de contre-la-montre pour le chrono individuel, et est rentré seul sur le groupe de tête juste avant le sprint de la course en ligne, suite à un problème mécanique à 15 km de l'arrivée. Le chrono a été remporté par Maral-Erdene Batmunkh et la course en ligne par Bolor-Erdene Enkhtaivan. En Turquie, Terengganu a pris part à six courses 1.2, les samedis et dimanches des trois premières semaines de juillet. Sur la première course, le GP Germenica, Sainbayar a terminé deuxième, battu par Cristofer Jurado après une longue échappée avec le coureur Panaméen et le Biélorusse Yauhen Sobal. Il a ensuite remporté le GP Kahramanmaras, en réglant le groupe de tête au sprint sur une arrivée en bosse, son coéquipier érythréen Metkel Eyob terminant deuxième. La semaine suivante, il termine deuxième du GP Erciyes, remportant le sprint d'un groupe de 15 coureurs à deux secondes du vainqueur en solitaire, l'Américain Alex Hoehn. Il est à nouveau deuxième au GP Kayseri, battu par l'Ukrainien Anatolii Budiak (qui sera son coéquipier en 2022 et 2023) au sommet d'une montée très dure, plus de 2000 mètres d'altitude avec les sept derniers kilomètres à 10% de moyenne. Le dernier week-end, il ne faisait pas partie de la bonne échappée sur le Grand Prix Velo Erciyes où l'Algérien Azzedine Lagab s'est imposé, et il a terminé quatrième du Grand Prix Develi où Mykhaylo Kononenko a battu trois coureurs de Terengganu sur une arrivée en altitude, les coéquipiers de Sainbayar, Jeroen Meijers et Metkel Eyob, terminant deuxième et troisième. Jambaljamts était ravi de reprendre la compétition et très reconnaissant envers sa nouvelle équipe de lui avoir donné cette opportunité. Ces excellents résultats en Turquie illustrent sa polyvalence : il est capable d'être performant sur des montées très dures, des sprints en petits comités ou de longues échappées. Son compagnon de chambre sur ces courses turques était Jeroen Meijers, un coureur néerlandais expérimenté et polyvalent. Jeroen a couru pour Rabobank Development Team jusqu'en 2016, puis deux ans pour l'équipe Pro Conti Roompot. En 2019, Roompot fusionne avec Verandas Willems - Crelan (l'équipe disparaîtra un an plus tard), et Jeroen Meijers se retrouve sans équipe, malgré une très bonne saison. Il choisira finalement de rejoindre l'équipe continentale chinoise Taiyuan Miogee. Depuis, il court en Asie où il a remporté de nombreuses courses ; il a représenté Terengganu de 2021 à 2023. "Elo a très bien performé sur ces trois week-ends, nous a dit Jeroen. Pour être honnête, j'ai été un peu surpris qu'un jeune coureur de Mongolie soit aussi bon, il pouvait grimper, était à l'aise dans les bordures et pouvait aussi sprinter". Jeoron a beaucoup couru avec Jambaljamts au cours des deux années suivantes, il décrit son coéquipier mongol comme un "gars très détendu et drôle qui aime discuter et n'est pas du tout stressé". Après ce très bon bloc de courses turques, Jambaljamts est rentré chez lui. Chaque mois, il était annoncé que les prochaines courses de l'Asia Tour étaient à nouveau annulées en raison de la pandémie de COVID-19. Fin août, le Tour d'Almaty (course 2.1 au Kazakhstan), où Sainbayar espérait confirmer les bonnes choses qu'il avait montrées en Turquie, a été annulé seulement dix jours avant la première étape. En Mongolie, la plus longue course par étapes pour les coureurs locaux, le 23ème Tour de Mongolie, s'est déroulée en août pendant dix jours. La course comprenait un chrono par équipe de 50 km et un chrono individuel de 40 km, toutes les autres étapes étaient plutôt plates mais avec un vent très fort. Les bordures ont fait ressembler la plupart des étapes à des chronos par équipe entre le Military Cycling club (sur les photos, Sainbayar et Batsaikhan portent d'autres maillots mais ils représentaient l'équipe militaire) et deux autres équipes travaillant ensemble (Team Oggi et Kublai Khan). Bolor-Erdene Enkhtaivan (Team Oggi) a remporté le classement général devant Jambaljamts Sainbayar. Bolor-Erdene avait l'avantage d'avoir un vélo de chrono (Jamba n'avait qu'un vélo de route avec une roue lenticulaire), et d'avoir plus de coureurs pour l'aider dans les bordures, puisque plusieurs équipes s'alliaient  contre l'équipe de Sainbayar qui était favorite.

Premier championnat du monde Elite
septembre 2021

Jambaljamts Sainbayar a fait très bonne impression dans l'échappée des championnats du monde 2021.

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A l'avant de la course sur le circuit de Louvain  -  Freddy Guérin (DirectVelo)

Grâce à ses résultats en Turquie, Jamba avait apporté suffisamment de points UCI à la Mongolie pour avoir une place aux Championnats du Monde. En 2021, la course se déroulait à Louvain, en Belgique. Jamba est arrivé quelques jours avant la course sur route Elite et a participé à quelques kermesses pour se mettre en jambe après le long vol et le décalage horaire. Le dimanche, il était l'un des nombreux coureurs à vouloir prendre l'échappée matinale. Grâce à son expérience des échappées, il a réussi à faire partie des huit coureurs qui se sont extirpés du peloton, avec Patrick Gamper, Pavel Kochetkov, Rory Townsend... Leur avance maximal sur le peloton n'a été que de cinq minutes - ce qui est peu pour un championnat du monde - car les coéquipiers du futur vainqueur Julian Alaphilippe ont attaqué et créé un groupe de contre-attaque à 170 km de l'arrivée. A l'entrée du circuit (145 km à parcourir), l'avantage de l'échappée était de moins d'une minute. Ils ont été repris 10 kilomètres plus tard. Jambaljamts a réussi à s'accrocher au peloton pendant 20 kilomètres supplémentaires, avant d'être lâché, avec de nombreux autres coureurs, par le rythme très élevé de l'équipe belge. De l'échappée initiale, seul Patrick Gamper (Bora) a réussi à rester plus longtemps dans le peloton et à terminer la course. "Je voulais être dans l'échappée matinale, pas rester tranquillement dans le peloton, nous avait-il confié. J'ai vraiment apprécié la course, notre groupe a bien travaillé mais le peloton a maintenu l'écart sous les cinq minutes. Lorsque nous avons été repris, j'ai fait un tour avec le peloton, puis j'ai été lâché lorsque la Belgique a accéléré très fort à l'avant. J'ai abandonné après 230 km sur 268. Je sens que cette course va me rendre plus fort".

Première course par étape UCI remportée
décembre 2021

Jambaljamts Sainbayar a remporté le Tour of Thailand 2021, seule course internationale en Asie de l'année, devant Adne Van Engelen.

Replay de la montée où Jambaljamts a attaqué dès le pied pour remporter le maillot jaune (4h00'33").

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Vainqueur du général  -  Tour of Thailand

A un moment, il semblait qu'aucune course internationale n'aurait lieu en Asie de toute la saison 2021. Cependant, le Tour de Thaïlande - initialement prévu en avril et reporté à plusieurs reprises - a eu lieu en décembre avec un peloton international, grâce à un assouplissement des mesures anti-COVID. La course avait également eu lieu en 2020 mais les équipes devaient passer deux semaines d'isolement en arrivant en Thaïlande, l'équipe allemande BikeAid avait donc été la seule équipe étrangère à s'être déplacée. Au départ de l'édition 2021 du Tour de Thaïlande, il y avait 12 équipes Conti d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord, et 3 équipes nationales. Quatre des six étapes se sont terminées par un sprint massif et ont été remportées par le sprinter allemand Lucas Carstensen (Bike Aid). Lors de la troisième étape, une échappée de 16 coureurs a réussi à conserver une petite avance jusqu'à l'arrivée. Le champion de Thaïlande Sarawut Sirironnachai s'est imposé et Jambaljamts Sainbayar a pris la troisième place. Sainbayar s'est aussi montré très fort dans une autre échappée et a terminé deuxième derrière Carsenten d'un sprint désorganisé par une chute dans le dernier kilomètre. La dernière étape était plate mais avec une montée très raide de 2 km pour finir. Sainbayar avait neuf secondes de retard sur Sarawut Sirironnachai et Lucas Carstensen au classement général et il a choisi d'attaquer dès le pied de la montée. Il n'a été suivi que par Sirironnachai, puis le grimpeur néerlandais Adne Van Engelen (Bike Aid) est revenu. Van Engelen s'est montré le plus fort, il a gagné avec 6 secondes d'avance sur Sainbayar et 35 secondes sur Sirironnachai, ce qui faisait de Jambaljamts le vainqueur du général. Il est rentré chez lui en tant que premier Mongol vainqueur d'une course UCI 2.1, deux ans et demi après que Maral-Erdene Batmunkh soit devenu le premier Mongol à remporter une étape sur une course de ce niveau. Aujourd'hui, Adne van Engelen et Lucas Carstensen (qui avaient remporté cinq des six étapes de la course) vivent en Thaïlande et courent pour l'équipe Roojai Online Insurance. À l'époque, ils passaient déjà l'hiver dans ce pays d'Asie du Sud-Est.

D'autres bons résultats avec Terengganu, mais un programme toujours très affecté par la pandémie
janvier - août 2022

"Il passe de -30°C en Mongolie à +30°C et est toujours très performant, sur tous les terrains." Jeroen Meijers

Replay de l'étape reine du Tour of Antalya 2022 (montée : 1h27'48").

Après le bon résultat à Anatlya, il a dû attendre la fin de l'année pour pouvoir affronter à nouveau le même niveau d'adversité dans de bonnes conditions.

Trois derniers kilomètres tactiques sur les Championnats d'Asie (2h06'00")

Vainqueur Grand Prix Develi en août

N'ayant pas d'opportunité pour rejoindre une équipe européenne, Jambaljamts Sainbayar est resté avec Terengganu Polygon pour 2022. Malheureusement, la majorité des courses asiatiques ont continué à être annulées ou reportées. L'objectif de Sainbayar en début de saison était le Tour de Langkawi (2.Pro) en Malaisie, il prévoyait de demander un visa pour aller se préparer en Espagne (les coureurs de Mongolie et d'autres pays asiatiques se rendent souvent en Thaïlande pour s'entraîner pendant l'hiver, mais c'était compliqué avec la pandémie). Cependant, le Tour de Langkawi a été reporté et Jambaljamts a passé l'hiver chez lui, s'entraînant principalement sur son home-trainer, car les températures extérieures étaient de -20°C. Il a commencé sa saison au Tour of Sharjah (UCI 2.2), arrivant aux Émirats Arabes Unis (où la température était supérieure à 25°C) quelques jours seulement avant le début de la course. Malgré le manque d'entraînement à l'extérieur au cours des semaines précédentes, il a terminé sixième au classement général, Grega Bole ayant remporté la course après un prologue, des étapes de plat, vallonées et de moyenne montagne. Jamba s'est ensuite rendu à Antalya, en Turquie, pour le Tour of Antalya (UCI 2.1). Neuf ProTeams ont participé à ce Tour d'Antalya et le classement général s'est en grande partie joué lors de la troisième étape, avec une arrivée au sommet d'une montée de 9 km à 5,8 %. Terengganu avait trois bons grimpeurs : Jambaljamts Sainbayar, Anatolii Budiak et Metkel Eyob. Jambaljamts a attaqué dès le début de la montée, mais n'a pas réussi à creuser un écart significatif. La montée était trop roulante et 18 coureurs étaient encore ensemble lorsque le sprint a été lancé. Jacob Hindsgaul (UnoX) a gagné, Jambaljamts Sainbayar a pris la dixième place. Les coureurs de TSG ont terminé 9ème, 10ème et 11ème au classement général final et ont remporté le classement par équipe. Ce bon résultat, deux semaines et demie après son arrivée aux Émirats Arabes Unis depuis l'hiver mongol, illustre la façon dont Sainbayar parvient à s'adapter aux changements de température et à réaliser de bonnes performances malgré une charge d'entraînement réduite sur son home-trainer. C'est cette capacité d'adaptation que son coéquipier Jeoron Meijers considère comme la force de Jambaljamts : "Son point fort, est qu'il peut être performant partout. Il passe de -30 degrés en Mongolie à +30 degrés en Asie du Sud-Est [ou au Moyen-Orient] et est toujours très performant, et ce sur tous les terrains". Ensuite, Terengganu Polygon CT a organisé un camp d'entraînement en Turquie puis a participé à d'autres courses 1.2 en février et en mars. Au Grand Prix Gündogmus, l'équipe a réalisé le triplé avec la victoire d'Anatolii Budiak devant Metkel Eyob et Jambaljamts Sainbayar. Par la suite, Jambaljamts a représenté la Mongolie aux Championnats d'Asie organisés à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan. Ils ont obtenu une médaille d'argent sur le contre-la-montre par équipe et Jamba une médaille de bronze sur la course en ligne. Le parcours de la course en ligne comportait deux ascensions avant de revenir dans le centre de Douchanbé. Dans le final, trois coureurs se sont échappés du groupe de tête composé de six coureurs : Igor Chzhan (Kazakhstan), Nariyuki Masuda (Japon) et Jambaljamts Sainbayar (Mongolie). Chzhan a remporté le sprint devant Masuda et Sainbayar. Le programme de course de Terengganu - Polygon CT et de ses 15 coureurs était encore limité en raison de la situation de l'Asia Tour et ils n'ont finalement pas reçu d'invitation pour le Tour de Turquie (2.Pro) où Jambaljamts espérait courir contre un peloton de haut niveau. Son objectif a été déplacé vers le Tour of Hellas, la nouvelle course 2.1 en Grèce fin avril avec des équipes comme Trek, Bingoal, Caja Rural, Androni... et un parcours qui convenait aux coureurs complets comme Jambaljamts. Il était heureux de pouvoir courir dans l'Union Européenne contre de bonnes ProTeams. Malheureusement, il a chuté à l'entraînement la veille de la première étape. Il a tout de même terminé la course, mais il a souffert, surtout dans les montées, et n'a pas pu montrer son meilleur niveau. De mai à juillet, il n'a pas couru avec Terengganu. En juillet, il a remporté le contre la montre de son championnat national et a terminé troisième de la course en ligne. Le 20 août, il était de retour en Turquie, remportant le Grand Prix Develi (1.2) dans un sprint en bosse. Le lendemain, il se classait quatrième du Grand Prix Cappadocia en haute altitude. Il remporte ensuite la première étape du Tour de Sakarya (à l'est d'Istanbul), mais perd son maillot de leader lors de la quatrième et dernière étape au profit de l'Ukrainien Mykhaylo Kononenko.

Un autre championnat du monde et une grosse performance au Tour of Langkawi pour clôturer la saison 2022
septembre - octobre 2022

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Jambaljamts Sainbayar et Bilguunjargal Erdenebat à Wollongong, en Australie.

Sainbayar n'avait pas réussi à prendre l'échappée en Australie pour ses deuxièmes Worlds. Il n'a pas pu tenter de terminer la course, après un incident mécanique pour lequel il n'a pas reçu d'assistance.

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Dans la roue de Chaves dans la montée de Genting Highlands sur le Tour de Langkawi  -  Tim de Waele (GettyImages)

L'étape de Genting Highlands (premières attaques de favoris : 13'15")

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Le Top 10 du Tour de Langkawi 2022 est le meilleur résultat de la carrière de Jambaljamts Sainbayar. Cette course a aussi illustré son esprit offensif et sa polyvalence.

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Jambaljamts Sainbayar (Best Asian) and Nur Aiman Mohd Zariff (KOM jersey) : deux maillots remportés par Terengganu sur leur course nationale.  -  Tim de Waele (GettyImages)

La Mongolie avait deux places pour les championnats du monde de Wollongong, en Australie. Elles ont été attribuées à Bilguunjargal Erdenebat et Jambaljamts Sainbayar. La bataille pour la première échappée a été longue, puis une contre-attaque de 25 coureurs avec de nombreux outsiders s'est détachée à plus de 200 km de l'arrivée. Malgré de multiples tentatives, Sainbayar n'avait pas réussi à se glisser dans la première échappée, mais il était toujours dans le peloton après les premières accélérations. Il sentait qu'il avait "de très bonnes jambes" ce jour-là, mais il n'a pas pu tenter de terminer la course : durant le cinquième tour du circuit, son vélo a eu un problème de dérailleur ; il s'est arrêté au sommet du Mont Pleasant et a levé la main pour être dépanné par la voiture neutre Shimano, mais elle ne l'a pas vu et toutes les autres voitures l'ont dépassé sans s'arrêter, sa course était donc déjà terminée. Sa course suivante avec Terengganu était le Tour de Taiwan (UCI 2.1), une course avec du plat et quelques étapes vallonées. Jamba ne se sentait pas au mieux sur les premières étapes car il avait passé six jours sans s'entraîner entre les championnats du monde et la première étape. La course a été remportée par Benjamin Dyball de l'équipe UKYO, aucune équipe ProTeam n'ayant fait le voyage à Taiwan en 2022. Sainbayar a perdu quelques secondes lors de la première étape en raison d'une cassure dans le sprint final. Le lendemain, il est parti en solitaire dans le premier KOM, à plus de 30 km de l'arrivée, dépensant beaucoup d'énergie. Il a été rattrapé 15 km plus tard, au pied de la deuxième montée, au moment où Dyball plaçait l'attaque décisive. Sainbayar a fini l'étape à la cinquième place, dans un petit groupe, et ne termina que onzième au classement général final en raison des secondes perdues le premier jour. Il a tenté d'autres attaques les jours suivants, mais le peloton se regroupait avant l'arrivée. Son coéquipier Jeroen Meijers pense qu'il aurait pu faire un meilleur classement général s'il n'était pas parti en solo loin de l'arrivée lors de la deuxième étape ; il nous a dit que dans certaines situations, l'esprit offensif de Jamba peut s'avérer être une faiblesse : "Je pense qu'il attaque parfois à des moments 'stupides' et perd beaucoup d'énergie trop tôt. S'il n'avait pas continué en solitaire après avoir pris les points de la montagne lors de la deuxième étape, il aurait pu se battre pour le podium final. Mais il apprend chaque année, je n'ai pas vu beaucoup d'attaques 'stupides' en 2023." La dernière course de la saison de Sainbayar était le Tour de Langkawi (2.Pro) en Malaisie. C'est une course très importante pour Terengganu - Polygon CT. Comme elle avait été reportée au mois d'octobre et que 2022 était la fin du cycle de 3 ans pour les licences WorldTeams, plus de grandes équipes avaient demandé une invitation que d'habitude (6 World Teams et 4 ProTeams) et le niveau était élevé avec des grimpeurs comme George Bennett, Ion Izagirre, Einer Rubio, Ivan Sosa, Matteo Jorgenson, Hugh Carthy, Esteban Chaves et Torstein Træen (certains d'entre eux n'étaient pas au meilleur de leur forme). Le parcours de l'étape 1 était vallonné, mais l'étape s'est terminée par un sprint entre 50 coureurs et une victoire de Gleb Syritsa. Jambaljamts Sainbayar et son coéquipier malaisien Nur Aiman Mohd Zariff faisaient partie de l'échappée de 9 coureurs, pour tenter de gagner des points au classement de la montagne. Lorsqu'il a été rattrapé à 20 km de l'arrivée, Jambaljamts avait pris 6 secondes de bonification aux sprints intermédiaires et la tête du classement de la montagne. Nur Aiman Mohd Zariff a pris les échappées des deux étapes suivantes, récupérant le maillot de la montagne à son coéquipier mongol (à la fin de la course, les deux coureurs de TSG avaient le même nombre de points et le vainqueur était Mohd Zariff). La grande bataille pour le classement général a eu lieu à Genting Highlands, la célèbre ascension du Tour de Langkawi. Genting Highlands fait 8,6 kilomètres à 8,5% et se situe seulement 5 kilomètres après le sommet de Gothong Jaya (13 km à 6% avec les 5 derniers km à 9,5%). Carthy, Sosa et Zeits ont attaqué dans Gothong Jaya, Sainbayar était parmi les douze poursuivants (il a pris quelques points au sommet). En bas de Genting Highlands, les coureurs roulaient sous une pluie battante. Dans le final, l'atmosphère était spéciale avec du brouillard et les nombreux fans très enthousiastes. Le groupe de poursuivants s'est réduit à cinq coureurs : Bennett, Rubio, Chaves, Sainbayar et Fernandez. Chaves a attaqué, suivi par Rubio et Sainbayar. Dans la partie la plus raide, Sainbayar a été l'un des coureurs à exploser et a perdu plusieurs positions. Iván Sosa s'est imposé devant Hugh Carthy (+19") et son coéquipier Einer Rubio a terminé troisième (+1'56"). Jambaljamts Sainbayar a franchi la ligne d'arrivée en 11ème position (+2'39"), dans la roue de George Bennett, il était alors dixième au classement général. Le lendemain, la quatrième étape était complètement plate, mais Jamba est parti dans l'échappée pour prendre les 9 secondes de bonification des sprints intermédiaires. Il ne lui manquait plus qu'une seconde pour dépasser Andrey Zeits au général et s'emparer du maillot blanc de meilleur coureur asiatique, ce qu'il a fait dans la première partie de l'étape 5 : Igor Chzhan, le coéquipier de Zeits chez Astana, l'a empêché de remporter le sprint intermédiaire, mais les 2 secondes de la deuxième place lui ont suffi pour devenir leader du classement du meilleur asiatique (et 8ème du général). La septième étape aurait dû être une deuxième arrivée au sommet, Jamba l'attendait avec impatience et espérait pouvoir améliorer sa position au classement général. Cependant, l'ascension a dû être annulée en raison d'inondations et de glissements de terrain. Les coureurs ont donc emprunté le parcours de l'étape 8, avec quelques bosses dans le final, deux jours de suite. Sainbayar a perdu une place au classement général car George Bennett (UAE) faisait partie du groupe qui a réussi à prendre une minute sur le peloton lors de l'avant-dernier jour. Jambaljamts Sainbayar a donc terminé la course à la 9ème place et a remporté le maillot de premier coureur asiatique (+ deuxième avec le même nombre de points que son coéquipier du classement de la montagne), ce qui constituait un excellent résultat pour lui et son équipe. Cette course a illustré son style de course offensif avec toutes ses échappées, ses capacités de récupération et ses capacités à performer en haute montagne comme dans les petits sprints. Ce n'était pas la première fois que Jambaljamts obtenait son meilleur résultat de l'année à cette période, Jeroen Meijers l'avait remarqué : "Chaque année je vois qu'il commence avec une condition qui n'est pas sa meilleure, mais qui n'est pas mauvaise non plus. Puis il progresse au fil de la saison et sa condition ne baisse jamais. Je pense que c'est parce qu'il est très difficile de s'entraîner correctement en hiver dans son pays."

Saudi Tour et Tour of Oman : les courses de début de saison au Moyen Orient avec une forte concurrence.
janvier - février 2023

Il a terminé 17ème du Saudi Tour et 39ème du Tour d'Oman, deux courses difficiles où de nombreux coureurs World Tour commencent leur saison.

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Au Tour of Oman  -  Sharon Jane Liau

La saison 2022 de Sainbayar, et notamment son bon Tour de Langkawi, lui avait permis d'être remarqué par plusieurs ProTeams, mais ce n'était pas suffisant et trop tard pour déboucher sur des choses concrètes, il est donc resté une année de plus avec Terengganu Polygon CT. Il a passé quelques semaines de janvier 2023 en Malaisie, avant de se rendre au Moyen-Orient pour deux courses par étapes où de nombreux coureurs World Tour débutaient leur saison. Au Saudi Tour, il y avait 7 WorldTeams et 7 ProTeams, avec des têtes d'affiche comme Santiago Buitrago, Jonathan Milan, Dylan Groenewegen, Davide Formolo, Pascal Ackermann... Jambaljamts a réussi à terminer dans le peloton de tête sur les deux premières étapes dans le désert venteux. Le dernier kilomètre de la troisième étape était en montée, Søren Wærenskjold l'a emporté tandis que Jambaljamts Sainbayar (32ème) a perdu 28 secondes après avoir été pris dans une cassure. Jeroen Meijers nous a expliqué que Jamba n'était pas bien positionné au pied de la côte, "c'est très difficile pour une petite équipe asiatique d'entamer une bosse finale à l'avant face à des WorldTeams". L'étape 4 était la plus difficile avec une montée de 3km à 12% à 10km de l'arrivée. Au sommet, Jambaljamts était dans le deuxième groupe de poursuivants derrière les quatre leaders Formolo, Grosschartner, Buitrago et Guerreiro. Grâce au gros travail de Jonathan Milan et d'autres coureurs, le groupe de Jamba a réduit l'écart à 28" sur la ligne. Ruben Guerreiro (Movistar) a remporté le classement général et Jamba a terminé 17ème. Sur le Tour d'Oman, le niveau était encore plus élevé avec 9 WorldTeams au départ : Soudal QuickStep (Merlier, Masnada, Vansevenant...), UAE (Ulissi, Formolo...), Bora (Uijtdebroeks, Buchmann...), Astana (Lutsenko, Cavendish...), Cofidis (Herrada, Zingle...), Movistar (Jorgenson, Verona...), Intermarché (Meintjes, Taaramäe...), AG2R (Bouchard, Vendrame...) et Arkéa (Dekker, Rodríguez...) ; ainsi que 6 ProTeams dont Lotto Dstny ou UnoX. Le parcours était plus montagneux que celui deu Saudi Tour. Jambaljamts était le meilleur grimpeur de son équipe, il a donc essayé de faire le meilleur classement général possible. Il a terminé 39ème du général, à 8 minutes de Matteo Jorgenson. Ce fut une bonne expérience pour lui. Selon son coéquipier Meijers, "Jamba n'était pas à son meilleur niveau de l'année. Car après un hiver très froid, il a seulement passé quelques semaines en Malaisie avant d'être directement confronté à des coureurs WT. Je pense que c'était un bon apprentissage pour lui et que ça l'a rendu plus fort pour la suite de la saison".

Nouveaux  Tour of Taiwan et Tour of Thailand, et le retour des courses internationales en Chine
mars - avril 
2023

En mars, il a aidé son équipier Jeroen Meijers a remporté le Tour of Taiwan.

Le Tour of Thailand a été l'une des courses les plus chaudes de 2023, mais ce sont deux Mongols qui ont pris les deux premières places du classement général : Tegshbayar Batsaikhan et Jambaljamts Sainbayar.

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Podium du Tour of Thailand 2023 : Tegshbayar Batsaikhan, Jambaljamts Sainbayar et Yuma Koishi  -  Yosuke Suga

En mars, Jambaljamts Sainbayar a participé au Tour of Taiwan (UCI 2.1), une course de cinq jours avec Lotto Dstny, Green Project - Bardiani et Kern Pharma comme grosses équipes au départ. Le parcours comprenait des étapes pour les sprinters et les puncheurs. Sainbayar a travaillé pour son coéquipier néerlandais Jeroen Meijers, qui a réussi à remporter le classement général après avoir gagné l'avant-dernière étape en devançant au sprint un groupe de 30 coureurs, après de gros efforts de Jambaljamts pour reprendre une échappée et positionner son leader aux 300m. "La façon dont il a travaillé pour moi à Taïwan était impressionnante et vraiment classe. Je n'aurais pas gagné cette course sans lui dans l'équipe", nous a affirmé Jeroen. Ensuite, Jamba était de retour au Tour of Thailand au début du mois d'avril. La météo sur cette course était très éloignée des conditions en Mongolie : des températures de 30°C à 45°C sur chaque étape, avec une humidité qui rend la chaleur encore plus pesante en Thaïlande. Cependant, les deux Mongols de la liste de départ ont obtenu les deux premières places du classement général final ! Cinq des six étapes étaient plates, mais la chaleur a rendu la course plus difficile à contrôler et une seule étape s'est terminée par un sprint massif. Lors de la première étape, une grande échappée s'est détachée dans la première partie de l'étape et a creusé un écart important. Comme presque toutes les équipes étaient représentées, les premières places du général final se sont jouées entre les membres de ce groupe. A 30 km de l'arrivée, Tegshbayar Batsaikhan - ancien coureur de Ferei CCN, qui court maintenant pour l'équipe thaïlandaise Roojai Online Insurance - est partis en solitaire. Il n'a pas été revu et a pris le maillot jaune, Sainbayar était quatrième sur la ligne d'arrivée. Grâce aux secondes gagnées dans les sprints intermédiaires et lors de la montée de la troisième étape, Sainbayar s'est hissé à la deuxième place du classement général à la fin de l'épreuve, mais Tegshbayar Batsaikhan, qui avait une équipe solide, n'a jamais été inquiété et a remporté la course. Quelques jours plus tard, les deux Mongols se sont encore retrouvés sur le même podium : c'était à la Chengdu Tianfu Greenway, l'une des toutes premières courses internationales chinoises depuis 2019 ! Une course non-UCI à laquelle Terengganu ne participait pas, mais Jambaljamts a rejoint une petite équipe colombienne pour les deux étapes. Le classement général a été remporté par Oscar Mauricio Pachon, coéquipier de Sainbayar pendant la course, devant Tegshbayar Batsaikhan et Jambaljamts Sainbayar.

D'avantage de courses par étapes, et un premier titre de champion de Mongolie sur route
mai - juin 
2023

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Echappée en Grèce  -  Tour of Hellas

En 2023, les courses japonaises et chinoises ont été réouvertes aux étrangers, après la longue pause COVID. Jambaljamts y a obtenu de nombreux podiums d'avril à juillet.

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prologue du Tour of Japan (4ème place)

Asian Cycling Championships  -  Thaicycling Association

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Jamba remporte son premier titre de champion de Mongolie sur route dans la catégorie Elite  -  Mongolian Cycling Federation

Début mai, Terengannu Polygon était de retour en Grèce sur le Tour of Hellas. L'édition 2023 ne comportait pas d'étape de montagne, seulement deux premières étapes vallonées. Le classement général a principalement été déterminé par le prologue et les bonifications. Jambaljamts a perdu deux minutes lors de la première étape, "c'était une journée difficile pour moi, après le long vol et le décalage horaire, mais ça devrait aller mieux pour les prochaines étapes, je vais viser un résultat sur une étape" nous avait-il confié. Le lendemain, il a pris part à plusieurs échappées. Il a terminé les étapes restantes avec le peloton, "heureux de courir dans l'UE". Ensuite, il a participé à plusieurs courses au Japon. De nombreuses courses japonaises, dont le Tour du Japon (UCI 2.1), étaient réouvertes aux équipes étrangères après trois années de COVID. Les équipes japonaises, avec leurs leaders étrangers expérimentés, et Trinity Racing (équipe Conti britannique) ont dominé le Tour du Japon. Jambaljamts a terminé 4ème de la 1ère étape (chrono de 3km avec vélos de route), il a fait une échappée en solitaire qui n'a pas abouti lors de la 2ème étape, et a de nouveau terminé 4ème lors de la 3ème étape vallonnée (il était 2ème au général derrière l'Américain Luke Lamperti). Après un sprint et une victoire de l'échappée, l'étape 6 était le grand jour pour le classement général : les coureurs partaient groupés pour seulement 12 kilomètres de course, mais ils devaient monter à 2000 mètres d'altitude sur le Mont Fuji avec une pente moyenne de 10%. Le résultat de Sainbayar sur cette étape (28ème, +4'59" sur Nathan Earle de JCL Team UKYO) était décevant compte tenu de ses qualités de grimpeur et de la forme qu'il avait montré les jours précédents. "Il a été fort toute la semaine, essayant souvent d'attaquer dans le final ou de m'aider, se souvient son coéquipier Jeroen Meijers. Il était aussi très bien au Mont Fuji pendant 20/25 minutes, mais il a ensuite explosé et s'est retrouvé loin derrière. C'était une expérience nouvelle de devoir prendre son rythme dès le départ de l'étape." Les deux dernières étapes se sont terminées par des sprints où Sainbayar a joué le rôle de poisson pilote pour Meijers. La semaine suivante, Jambaljamts a terminé troisième du Tour de Kumano (UCI 2.2), qui se déroulait sur deux jours, derrière les deux JCL - Ukyo arrivés ensemble avec une avance de 36" lors de la première étape. Les Championnats d'Asie 2023 ont eu lieu en Thaïlande, Sainbayar a obtenu une médaille de bronze sur le contre la montre individuel (derrière Yevgeniy Fedorov et Sergio Tu) et a terminé sixième de la course en ligne où deux coureurs du Khazakstan ont battu Yukiya Arashiro. Lors des championnats nationaux de Mongolie, Jambaljamts a perdu son titre dans le contre-la-montre individuel pour 24 secondes au profit de Maral-Erdene Batmunkh. La course sur route comprenait 5 tours d'un circuit de 30 km avec une montée de troisième catégorie et un vent fort. Le club de Jamba (équipe militaire) était le plus fort et les autres équipes ont travaillé ensemble contre eux, "mais Jamba était trop fort et la plupart des coureurs ont été lâchés à la mi-course", explique Myagmarsuren Baasankhuu 'Miga'. Ensuite, trois coureurs de l'équipe militaire (Jambaljamts Sainbayar, Tegshbayar Batsaikhan et Bilguunjargal Erdenebat) étaient en tête, devant trois coureurs d'équipes différentes, dont Miga qui a ensuite été distancé et terminé en solitaire (6ème position) à 14 minutes du vainqueur. Dans le groupe de tête, Sainbayar a remporté le sprint, obtenant son tout premier titre de champion national sur route dans la catégorie Elite. En juillet, il a porté son nouveau maillot pour la première fois lors du Tour de Huangshan (UCI 2.2) en Chine. Il a terminé la première étape dans le groupe de tête, puis a remporté la deuxième étape et prit le maillot de leader. Mais il l'a perdu lors de la troisième et dernière étape au profit du Français Julien Trarieux (China Glory CT) qui a empoché 10 secondes de bonification en remportant le sprint massif. Le coéquipier néerlandais de Jambaljamts, Jeroen Meijers, considère cette course comme un exemple de la décontraction de Jamba peu importe la situation : "Je me souviens qu'il avait des choses à régler chez lui, donc lorsque nous sommes arrivés il n'avait pas beaucoup de temps pour s'entraîner. Mais il ne s'en est pas soucié et a quand même gagné une étape et fait podium au classement général."

Plus de 70 jours de course en 2023
août - octobre 2023

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victoire d'étape sur le Tour of Iran

De retour à Genting Highlands, la célèbre ascension du Tour of Langkawi  -  Sharon Jane Liau

Il a encore été très actif au Tour of Langkawi. Il a terminé 16ème du classement général.

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Terengganu - Polygon sur le Tour de Langkawi 2023  -  Sharon Jane Liau

Sprint pour la 3ème place aux Jeux Asiatiques : Sainbayar obtient le bronze

Pour la troisième fois consécutive, Jambaljamts Sainbayar a représenté son pays aux Championnats du Monde sur route. Contrairement à 2021 et 2022, Jamba a décidé de ne pas tenter de prendre l'échappée matinale, car il voulait voir ce qu'il pouvait faire en restant dans le peloton sans perdre d'énergie dans la première heure de course. Il s'est avéré que ce n'était pas la meilleure stratégie pour l'édition 2023, car l'échappée a été celle qui est allé le plus loin depuis des années aux championnats du monde et le circuit de Glasgow était probablement le plus difficile pour les coureurs essayant de s'accrocher à l'arrière du peloton, en raison des très nombreux virages et de la vitesse du peloton. Comme beaucoup de coureurs, il n'a fait que trois tours du circuit final avant de s'arrêter. Il a également participé au contre-la-montre individuel, puis a passé quelques jours à rouler à Andorre et à Barcelone, avant de revenir en Asie pour des courses en Iran. Au Tour of Iran, il remporte la troisième étape dans un sprint en bosse, devant son futur coéquipier Georgios Boúglas (Grèce, Matrix Powertag). Le lendemain, l'étape était longue et difficile ; après de nombreuses attaques, quatre coureurs ont finalement réussi à s'échapper et le coéquipier ukrainien de Jamba, Anatolii Budiak, a gagné et s'est retrouvé dans le même temps que le leader du général Daniil Marukhin (équipe Vino SKO). La dernière étape était également longue et difficile, l'Iranien Saeid Safarzadeh l'a emporté et Budiak a terminé deuxième de l'étape et du classement général. Ensuite, Jambaljamts Sainbayar s'est rendu au Japon pour participer à une autre course 2.2, mais le Tour of Hokkaido a été annulé après le décès malheureux d'un coureur ayant percuté une voiture pendant la première étape. Il est ensuite retourné en Malaisie pour le Tour de Langkawi qui s'est déroulé fin septembre avec deux WorldTeams et huit ProTeams. Après deux sprints massifs, l'étape 3 comprenait quelques montées avant une arrivée sur le plat. Dans la première partie de l'étape, un groupe de neuf coureurs parmi les plus forts de la course, dont le futur vainqueur du général Simon Carr (EF EasyPost), s'est détaché. Ce groupe a été pris très au sérieux par le peloton et son avance est resté entre une et deux minutes. En milieu d'étape, un coureur a réussi à faire le jump en solitaire, bouchant plus d'une minute pour rentrer sur l'échappée : c'était Jambaljamts Sainbayar. Son coéquipier Jeroen Meijers a été très impressionné qu'il ait pu rattraper seul un groupe de coureurs Pros aussi forts. Cependant, lorsque Carr a attaqué dans la dernière montée, suivi par Luca Covilli, Simon Pellaud, Paul Double, Pablo Castrillo et Joan Bou, Jambaljamts n'a pas pu suivre. Tous ces coureurs ont été rattrapés avant l'arrivée et le néo-zélandais George Jackson (Bolton Equities Black Spoke, futur coureur de Burgos BH) a remporté le sprint du petit peloton, tandit que Jambaljamts prenait la 7ème place. La très difficile ascension de Genting Highlands était l'arrivée de l'étape 5. EF a fait un doublé avec Simon Carr et Jefferson Alexander Cepeda. Jambaljamts Sainbayar était un peu plus loin qu'en 2022 : il a franchi la ligne dans la roue de Carlos Canal, 3'14" après Simon Carr, en 17ème position. Les trois dernières étapes étaient plates, mais Jambaljamts ne voulait pas rester tranquillement dans le peloton et il a été dans plusieurs échappées, remportant un prix de la combativité. Il a terminé la course à la 16e place du classement général et à la 2e place du classement de meilleur Asiatique. Avant sa dernière course avec Terengganu, Jamba a passé quelques jours à Hangzhou, en Chine, pour les Jeux Asiatiques, un événement important pour les équipes nationales qui a lieu tous les quatre ans. Battre les quatre coureurs World Tour du Kazakhstan sur la longue course en ligne était impossible : Yevgeniy Fedorov et Alexey Lutsenko ont réussi à s'échapper et n'ont jamais été rattrapés. Mais derrière, Jambaljamts Sainbayar a réussi à rapporter une médaille de bronze à la Mongolie en remportant le sprint du groupe de poursuivants après un final mouvementé. Il a ensuite conclu sa saison au Tour de Kyushu (UCI 2.1) au Japon, une course de trois jours. En plus des fortes équipes du Japon et d'Océanie, l'équipe Astana Qazaqstan était présente et a réalisé un doublé au général avec Andrey Zeits et Antonio Nibali. Lors de la première étape, Jamba a terminé très proche de Naoki Kojima, vainqueur au sprint dans un peloton réduit. Sur l'étape reine, il n'a pas pu suivre le premier groupe, il a terminé 10ème au classement général final.

Signature avec Burgos BH
octobre - décembre 2023

En 2023, il a rejoint l'agence Gorama Cycling de Marcelino Pacheco Saelices. Avec l'aide de Marcelino, de l'entraîneur de Terengganu Jeremy Hunt et de Damien Garica (DS français de Burgos connaissant bien l'Asia Tour), il a pu signer son premier contrat en ProTeam avec l'équipe espagnole Burgos BH.

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"Quand on voit ses données de puissances sur 5 ou 10 minutes, qu'il a déjà marché sur des épreuves comme le Tour de Langkawi et a été régulier toute la saison avec 70 jours de course, il a le niveau pour une équipe comme la notre." Damien Garcia

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Jambaljamts Sainbayar est déjà allé à Burgos recontrer sa nouvelle équipe  -  Valdivielso

Après avoir rencontré sa nouvelle équipe en Espagne, il a passé le mois de décembre dans le sud de la Chine, avant de rentrer chez lui pour les derniers jours de l'année.

Sortie VTT à Oulan-Bator (par -15° à -20°C) le 29 décembre  -  Instagram de Jamba (@jambaljamts.s)

Comme vous l'avez vu à travers cet article, courir en Europe a toujours été l'objectif premier de Jambaljamts et il a essayé de faire les bons choix pour pouvoir l'atteindre. Il a tenté de contacter des équipes européennes en envoyant des mails pour se présenter à plusieurs reprises au cours de sa carrière (équipes Conti en 2020, ProTeams/WorldTeam en 2021 et 2022), mais avant 2023, cela n'avait jamais mené à des discussions avancées avec une équipe. Il est difficile pour les coureurs asiatiques (à l'exception de certains pays comme le Kazakhstan ou le Japon) de susciter l'intérêt d'équipes continentales basées en Europe et de ProTeams, même s'ils montrent de très bonnes choses sur l'Asia Tour. Le fait que Sainbayar ait perdu une année et demie à cause de la pandémie de COVID et qu'il était ensuite déjà âgé de 25 ans a également rendu les choses plus compliquées. En 2023, il a rejoint une agence cycliste espagnole, Gorama Cycling. Gorama Cycling est une agence créée il y a 11 ans et dirigée par l'Espagnol Marcelino Pacheco Saelices, dont c'est le travail à temps partiel (il le combine avec un travail d'inspecteur de la qualité de l'air). Il représente et aide des cyclistes d'horizons diverses : d'Espagne mais aussi d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Afrique... La plupart d'entre eux évoluent au niveau amateur ou Continental, mais certains ont atteint le niveau supérieur. "Je suis Jambaljamts depuis 2021, lorsque je l'ai rencontré et vu courir au Grand Prix Kayseri en Turquie, raconte Marcelino. Il a vraiment attiré mon attention. En février 2023, j'ai franchi le pas, j'ai parlé à Jambaljamts et à mon ami Danny Feng [DS de Terengganu] et j'ai proposé l'idée d'essayer de trouver une équipe en Europe." Marcelino nous a affirmé que plusieurs ProTeams et deux WorldTeams avaient montré de l'intérêt pour Jambaljamts. L'équipe espagnole Burgos BH était l'une des options les plus sérieuses, mais ce n'est que début octobre qu'un contrat pour la saison 2024 a été signé. Damien Garcia, l'un des DS de Burgos BH, a joué un rôle important dans la signature de Sainbayar. Le Français Damien Garcia, ancien coureur et manager de l'équipe continentale franco-japonaise Interpro Cycling Academy, est directeur sportif de Burgos BH depuis 2021. Il connaît bien le cyclisme asiatique. Répondant aux questions de Charles Marsault dans son interview annuelle sur Velo-Club.net, il a expliqué : "Je l'ai connu quand j'étais au Japon chez Interpro il y a quelques années. C'est un coureur qui gagne des courses tous ans et année après année il s’est solidifié. J’étais rentré en contact avec lui via son entraineur de Terenggenu, l’ancien coureur Jeremy Hunt. Il nous a envoyé son CV et on a eu aussi toutes ses données physiques grâce à TrainingPeaks. J’ai donc soumis l’idée à l’équipe qui a tout de suite été ouverte au fait de le recruter et ça s’est fait naturellement. On est très heureux de lui donner sa chance, je pense qu’il la méritait avec ses performances depuis plusieurs années. On attend aussi beaucoup de lui, même s’il va y avoir un temps d’adaptation à l’équipe pour découvrir de nouvelles méthodes de travail en Europe." L'ancien coureur pro britannique Jeremy Hunt, aujourd'hui entraîneur à Terengganu Polygon, a également contribué à convaincre les dirigeants de Burgos BH que Jamba a le niveau pour performer en Europe. Burgos BH a toujours eu des coureurs étrangers depuis qu'elle est passée ProTeam en 2018, mais son recrutement pour 2024 était particulièrement international, avec notamment les deux meilleurs néo-zélandais de la défunte Bolton Equities Black Spoke (Aaron Gate et George Jackson) et le sprinter grec Georgios Bouglas. Les points UCI deviennent de plus en plus importants pour des équipes comme Burgos, afin qu'elles puissent continuer à pouvoir être invitées sur les Grands Tours. Sainbayar est connu pour marquer beaucoup de points UCI, grâce à sa régularité et à sa polyvalence, mais aussi à la possibilité qu'il a de participer à des championnats nationaux et continentaux où le niveau est moins élevé qu'en Europe. Interrogé par Charles Marsault sur l'importance accordée aux points UCI dans le recrutement de Burgos pour 2024, Damien Garcia a répondu que "bien sûr c’est une donnée importante pour nous avec le système actuel, il faut marquer des points, mais il y a quand même avant tout l’aspect physiologique. Quand on voit par exemple ses données de puissances sur 5 ou 10 minutes, je pense que c’est un coureur valide pour le cyclisme professionnel. Il a déjà marché sur des épreuves comme le Tour de Langkawi où il y a quelques WorldTeams, et il a été régulier toute la saison avec 70 jours de course, donc il a le niveau pour une équipe comme la notre. Avant de parler des points UCI, c’est le niveau du coureur qui nous importe." Comme vous avez pu le voir à travers toutes les étapes du parcours de Jambaljamts, il peut être décrit comme un puncheur - grimpeur avec une bonne pointe de vitesse, qui n'a pas peur des bordures et a un esprit offensif. Le directeur technique de Burgos, David Cantera, estime que Jamba "est une personne très ouverte et il maîtrise aussi parfaitement l'anglais, ce qui lui permettra de bien s'adapter au groupe". Dans la même interview accordée à Caracol TV, David Cantera a également rappelé que "son passeport biologique est à jour, donc la question du dopage est contrôlée". Jamba est conscient des différences entre le cyclisme européen et asiatique et du haut niveau en Europe, mais courir en Europe a toujours été son objectif et il pense pouvoir s'adapter à ses spécificités. Il aime l'Espagne et son cyclisme, mentionnant les routes étroites et les montées abruptes. En novembre dernier, Jambaljamts s'est rendu pour la première fois à Burgos, où il a rencontré la plupart de ses futurs coéquipiers et le staff de Burgos BH. Il a ensuite passé le mois de décembre dans le sud de la Chine pour éviter l'hiver mongol. Il a participé à des courses non-UCI avec l'équipe Ferei - Mongolia (après avoir franchi la ligne en tête, il a été disqualifié de la Yantian 100 Classic pour "utilisation de vêtements non conformes"). Il est rentré chez lui pour les derniers jours de l'année 2023. Il participera au stage organisé par Burgos BH du 7 au 14 janvier, son maillot de champion national y sera dévoilé.

Jeux Olympiques et Vuelta ?
prochains objectifs

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Wheelie à Kuala Lumpur au stage de pré-saison de janvier 2023

Jamabaljamts Sainbayar représentera la Mongolie aux Jeux Olympiques de Paris 2024

"La priorité pour moi est de démontrer que je peux obtenir de bons résultats en Europe, car l'Asie est très différente. Chaque course sera importante."

Avec son style de course, sa polyvalence et sa régularité, ainsi que sa sympathie en dehors du vélo, Jambaljamts Sainbayar est devenu assez populaire parmi les fans de cyclisme, comme en témoigne le nombre de réactions positives à l'annonce de sa signature chez Burgos BH. Il devrait probablement commencer sa saison à l'AlUla Tour (nouveau nom du Saudi Tour). Son programme de course en 2024 devrait comprendre de nombreuses courses en Europe, mais des courses asiatiques, car Burgos BH participe à certaines d'entre elles. L'un des grands moments de la saison devrait être les Jeux olympiques de Paris, où Jambaljamts Sainbayar représentera la Mongolie. Faire les JO était l'un de ses grands objectifs. Participer aux Grands Tours en est un autre. Lorsque Marcelino Pacheco Saelices de Gorama Cycling a discuté avec Jambaljamts Sainbayar au début de l'année 2023, "nous nous sommes fixé le but de participer à un Grand Tour en moins de 3 ans, raconte Marcelino. Je pense que nous en sommes proches." Les chances que Burgos BH reçoive une nouvelle invitation pour La Vuelta en 2024 sont assez élevées. Si l'équipe est invitée, Jamba devra alors mériter sa sélection avec ce qu'il aura montré durant le reste de la saison. Il sait que ce ne sera pas facile, mais il est motivé pour donner le meilleur de lui-même. Dans une interview accordée à ciclismo.it, il a expliqué : "Pour moi, c'est une grande opportunité d'être un cycliste professionnel en Europe. Je donnerai le meilleur de moi-même. Tout d'abord, j'essaierai d'être un bon coéquipier. La priorité pour moi est de démontrer que je peux obtenir de bons résultats dans les courses européennes, car c'est une chose de pouvoir obtenir de bons résultats en Asie, c'en est une autre de le faire ici. L'Asie est très différente. Les gens peuvent donc douter de mes capacités et ne pas être suffisamment convaincus. Je m'assurerai qu'ils comprennent ce que je peux faire. Ensuite, bien sûr, j'essaierai de gagner ma place pour la Vuelta a España, les JO et aussi quelques classiques. Pour moi, chaque course sera importante pour démontrer à moi-même et à l'équipe ce que je peux faire." Nous espérons que la saison 2024 montrera que Burgos BH a pris une très bonne décision en signant Jambaljamts Sainbayar et que ce ne sera que le début d'une longue carrière en Europe pour lui. Son succès serait également un succès pour le cyclisme mongol et plus globalement pour le cyclisme asiatique, car il montrerait aux équipes Continentales et aux ProTeams que ça peut être une bonne idée de donner une chance à un coureur asiatique motivé pour courir en Europe et qui performe sur l'Asia Tour avec une bonne régularité.

Nous tenons à remercier Jambaljamts Sainbayar, Jeroen Meijers, Kirill Klimenkov, Yahor Buben, Myagmarsuren Baasankhuu, Marcelino Pacheco Saelices et Antti Sizko pour leur participation à cet article.

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